Molly Norris, la dessinatrice américaine dont le travail a inspiré un concours de dessins de Mahomet sur Facebook à l’origine d’une controverse au Pakistan, a demandé son arrêt et présenté ses "excuses" aux musulmans.
WASHINGTON (AFP) - Molly Norris, la dessinatrice américaine dont le travail a inspiré un concours de dessins de Mahomet sur Facebook à l’origine d’une controverse au Pakistan, a demandé son arrêt et présenté ses "excuses" aux musulmans.
A l’origine de l’affaire, Mme Norris avait réalisé un dessin en avril pour protester contre la censure par la chaîne de télévision Comedy Central de toutes les références à Mahomet dans un épisode de la série d’animation "South Park", après que ses auteurs eurent reçu des menaces.
Dans cette oeuvre, la dessinatrice basée à Seattle (Etat de Washington, nord-ouest) proposait -sur le ton de l’humour- de faire du 20 mai "La journée des dessins de Mahomet", sans savoir que son idée allait inspirer le concours de dessins sur Facebook.
Le concours, lancé par un usager occidental, a provoqué une controverse au Pakistan qui a "fermement condamné" ce qu’il considère comme des "caricatures", tandis que des manifestations ont eu lieu jeudi dans plusieurs villes du pays.
L’islam interdit strictement de représenter ou de dépeindre d’une quelconque manière Mahomet.
"Je N’AI PAS proclamé que le 20 mai devait être +Le jour où tout le monde dessine Mahomet+", indique Molly Norris sur son site internet, www.mollynorris.com, ajoutant que son idée avait été "détournée".
"Je n’ai jamais créé de page Facebook, je n’ai jamais rien organisé pour que les gens puissent envoyer des dessins et je n’en ai jamais reçu aucun".
Ce mouvement, a-t-elle dit, est nourri par "des gens qui ne pensent qu’à faire des dessins obscènes", et constitue une "insulte pour les musulmans qui n’ont rien fait au départ pour mettre en péril notre liberté d’expression".
"Je présente mes excuses à la foi musulmane et je demande que ce +Jour+ soit arrêté", dit-elle.
Molly Norris indique également sur son site internet avoir rejoint la page Facebook "Contre +Le jour où tout le monde dessine Mahomet+", qui réunissait jeudi quelque 40.000 membres, tandis qu’un autre groupe similaire en rassemblait plus d’une centaine de milliers.
La page controversée comptait de son côté plus de 100.000 fans et affichait un grand nombre de caricatures du prophète, certaines le représentant en porc, animal considéré comme impur dans la religion islamique, en train d’avoir des relations sexuelles ou de brandir des armes.
Le site se présente comme un espace hébergeant des "représentations drôles et créatives" du prophète et souligne qu’il n’est "pas nécessaire" de faire des dessins "haineux" ou "totalement irrespectueux".
Une personne interrogée sur la chaîne MSNBC et se présentant comme le créateur de la page a affirmé que l’idée de départ était de défendre "la liberté d’expression".
"Nous n’avons jamais pensé que ça se développerait à ce point", a ajouté cette personne, identifiée comme s’apelant "Andy".
"Nous pensons que la lutte pour la liberté d’expression ne peut être limitée par un pays comme le Pakistan", a poursuivi "Andy", assurant qu’il ne s’agissait pas d’une incitation à la haine contre les musulmans.
"Nous voulons simplement montrer aux extrémistes qui menacent les gens à cause des représentations de Mahomet que nous n’avons pas peur d’eux".
Sollicité par l’AFP par courrier électronique, "Andy" n’a pas répondu.
En réaction au concours, les autorités pakistanaises ont bloqué l’accès à Facebook ainsi qu’à YouTube.
"Nous avons été informés" de cette décision, a indiqué un porte-parole de YouTube (groupe Google) aux Etats-Unis. "Nous examinons l’affaire et travaillons pour faire en sorte que le service soit rétabli dès que possible", a-t-il ajouté.