La principale centrale syndicale de Bolivie a annoncé une grève générale illimitée à partir de lundi pour réclamer des hausses de salaires, première fronde sociale sérieuse pour le président socialiste Evo Morales confronté cette fois à ses alliés traditionnels.
LA PAZ (AFP) - La principale centrale syndicale de Bolivie a annoncé une grève générale illimitée à partir de lundi pour réclamer des hausses de salaires, première fronde sociale sérieuse pour le président socialiste Evo Morales confronté cette fois à ses alliés traditionnels.
La Centrale ouvrière bolivienne (COB) a appelé jeudi soir à la grève générale à partir de lundi minuit, pour protester contre l’augmentation générale de 5% proposée par le gouvernement, jugée très insuffisante.
Selon les secteurs, les salariés réclament de 12 à 25% d’augmentation.
"Nous l’avons soutenu (Morales) aux élections, et le temps est venu pour lui de soutenir les travailleurs. Son augmentation (proposée) ne suffit pas pour survivre", a expliqué jeudi Anel Asturizaga, le dirigeant du principal syndicat de l’industrie manufacturière.
La fronde a commencé chez les policiers, que l’Etat veut augmenter de 3% seulement. Elle a déjà donné lieu mardi à une grève de 24 heures, très suivie dans l’enseignement, la santé et l’industrie. Des incidents ont fait un blessé et 17 personnes ont été arrêtées au cours de manfestations.
Les syndicats ont aussi annoncé jeudi une prochaine "marche pour les salaires" de 140 km, entre Caracollo et La Paz, et l’extension de la grève de la faim entamée cette semaine par quelque 150 ouvriers et des femmes de policiers.
L’annonce de la grève sonne comme un défi à Morales, alors que le président vient de quitter le pays pour remettre vendredi au siège de l’ONU les conclusions d’un forum alternatif sur le changement climatique, organisé en avril en Bolivie.
Réélu triomphalement en décembre pour un second mandat, le dirigeant antilibéral est lui-même issu du monde syndical.
Il a appelé les salariés à se montrer "rationnels au nom de la patrie" pour éviter l’inflation, et le ministre de l’Economie a rappelé la priorité d’investir dans les secteurs de l’emploi et des infrastructures.
La Bolivie, un des plus pauvres pays d’Amérique latine, a résisté en 2009 à la crise avec une croissance de 3,5%, et vise en 2010 autour de 5% d’augmentation du PIB. En cas de tensions inflationnistes, cette hausse devrait rester à 4,5%.