Certains gouverneurs américains ont décrété la mise en place de mesures de quarantaine obligatoire dans leurs Etats. Une mesure critiquée par les humanitaires et l’OMS.
Principe de précaution pour les uns, mesures contre-productives pour les autres. Depuis vendredi, les États du New Jersey, de New York et de l’Illinois ont décrété que tous les voyageurs revenant d’un pays touché par l’épidémie d’Ebola (Liberia, Guinée et Sierra Leone), à fortiori s’ils ont été en contact avec des malades, devront être mis en quarantaine, à l’hôpital ou, s’ils vivent dans l’État, à leur domicile. Cette mise en quarantaine obligatoire fait débat aux États-Unis, rapporte Le Figaro.
"Les standards des Centers for Disease Control (CDC)" ne sont pas assez stricts, a déclaré Chris Christie, gouverneur de New York. Les CDC préconisent une prise de température pendant 21 jours (durée maximum de l’incubation pour Ebola). La quarantaine est "trop importante pour être volontaire", a renchéri son collègue de l’Illinois, Pat Quinn. "Nous devons prendre toutes les mesures nécessaires pour assurer à la population de l’Illinois qu’elle est protégée". Une décision largement contestée dans le pays. Il faut "se baser sur les faits et non sur la peur", a martelé le président américain Obama samedi.
De leur côté, les CDC n’imposent pas de mises en quarantaine systématique et rappellent qu’une personne n’est contagieuse que si elle développe des symptômes de la maladie. Le directeur des CDC, Tom Frieden d’insister : "Nous sommes inquiets de certaines mesures prises dans divers endroits qui peuvent avoir pour effet de stigmatiser davantage ou de donner de fausses impressions. On n’attrape pas Ebola de quelqu’un qui n’est pas malade". Un membre de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) s’indigne : "C’est ridicule. C’est de la politique et certainement pas de la science".
Lundi, le secrétaire général de l’ONU Ban Ki-Moon a appelé à ne pas "stigmatiser" les membres du personnel de santé de retour d’Afrique de l’Ouest. Ce sont "des gens exceptionnels, qui donnent d’eux-mêmes pour venir en aide à l’humanité. Ils ne devraient pas être soumis à des restrictions qui n’ont pas de base scientifique", a-t-il lancé depuis Addis Abeba.
Une infirmière américaine des Médecins sans Frontières (MSF) en Sierra Leone est la première humanitaire à être placée d’office en quarantaine à son retour aux Etats-Unis. Une situation déplorée par l’infirmière. "Je ne souhaite à personne une telle situation et j’ai peur pour les gens qui vont être dans mon cas à l’avenir", a souligné l’infirmière dans le quotidien The Dallas Morning News samedi. Elle déplore entre autres le manque d’organisation et de consignes précises pour l’accueil des personnes.
Comme elle le relate au quotidien américain, elle devait transiter par l’aéroport de Newark dans le New Jersey, et a été placée d’office en quarantaine de 21 jours (durée d’incubation de la maladie) au New Jersey hospital pour des examens alors qu’elle ne présentait aucun des symptômes. Après avoir été interrogée "comme une criminelle" par différents officiers des services d’immigration ayant revêtu des combinaisons blanches, pendant trois heures, elle a constaté que "personne ne semblait responsable, personne ne pouvait me dire ce qu’on allait faire de moi, je me demandais ce que j’avais fait de mal".
L’infirmière de conclure "nous avons besoin davantage de personnels de santé pour lutter contre l’épidémie en Afrique de l’ouest. Et les Etats-Unis doivent traiter les personnels qui rentrent de là-bas avec dignité et humanité".