Les preuves et les descriptions du meurtre de l’étudiant chinois Lin Jun sont perturbantes, et pas seulement pour la famille du défunt. Les jurés sont eux aussi exposés à l’horreur.
Durant plus de six semaines, ils vont côtoyer l’horreur. Les 12 jurés du tribunal de Montréal s’apprêtent à retracer le parcours macabre de Luka Rocco Magnotta, 32 ans, jugé depuis lundi dans la métropole québécoise pour meurtre avec préméditation, outrage à cadavre, diffusion de matériel obscène et harcèlement. Surnommé le "Dépeceur de Montréal" a reconnu avoir tué puis découpé en morceaux, Lin Jun son ancien petit ami, mais a annoncé qu’il plaiderait la démence afin qu’il soit déclaré "non criminellement responsable", précise son avocat.
Mardi au deuxième jour du procès, les jurés ont découvert les photos de l’appartement dans lequel le meurtre de Lin Jun se serait déroulé, rapporte 20 Minutes. Les 12 jurés ont également observé les images prises par les experts des colis dans lesquels il a envoyé des morceaux du corps de sa victime. Les colis postaux étaient identiques : au fond de l’un d’eux, un grand cœur dessiné à la main, un paquet cadeau noir, du papier de soie rose, un sac-poubelle noir et une note menaçante manuscrite sur du papier rose.
Les colis ont été envoyés au Parti libéral et au Parti conservateur du Canada, sous un pseudonyme. Ils contenaient tous deux des parties de corps, du papier d’emballage rose et des notes confuses faisant référence au premier ministre Stephen Harper et à sa femme. D’autres colis, avaient été envoyés à deux écoles primaires. Ils contenaient également des parties de corps, du papier d’emballage rose, et des notes manuscrites, cette fois beaucoup plus menaçantes. Sur l’une d’elle, on peut lire : "les roses sont rouges, les violettes sont bleues, la police pour t’identifier aura besoin de tes empreintes dentaires, salope".
Les photographes des scènes du crime de la police de Montréal ont été également appelés à la barre pour décrire les dizaines d’images des preuves. Celles-ci montrent des traces d’une "substance rouge" que les enquêteurs ont relevées un peu partout dans l’appartement de Luka Rocco Magnotta. Ces taches se trouvaient notamment dans la salle de bain, la cuisine et la chambre à coucher de l’appartement. Les policiers en ont notamment retrouvé dans le réfrigérateur et sur le matelas de la chambre.
Tout au long de ce procès, le jury fera face au long cheminement sordide du dossier Magnotta. De quoi donner le vertige au jury dont le casting a été particulièrement difficile. Sur les 1 600 personnes appelées par la justice canadienne, 1 300 ont voulu être exemptées. Le ministère de la Justice offre d’ailleurs cinq séances de psychothérapie aux jurés qui en ressentent le besoin, s’ils en font la demande.