Méconnu il y a encore 6 mois, Andry Rajoelina est le nouveau numéro un de la Grande île. Cet homme d’à peine trente-quatre ans a renversé un pouvoir solidement ancré depuis plusieurs années. Pour certains il incarne l’espoir d’un changement radical pour Madagascar, pour d’autres, c’est un manipulateur de foules. Comment cet ancien DJ est-il devenu le nouvel homme fort de Mada ?
Rien ne prédestinait Andry Rajoelina à devenir Président de la Grande île. Il débute dans l’événementiel, comme DJ. Entre 1994 et 2000, le jeune homme se spécialise dans les soirées « live ». Organisateur de spectacles Andry Rajoelina y apprend l’art de nouer le contact. Après quelques années dans le milieu, il crée la première société d’impression numérique et de panneaux publicitaires appelée Injet. Il est également depuis quelques années, le propriétaire de la chaîne de télévision et la station de radio Viva.
Andry Rajoelina se définit comme le Tanora malaGasy Vonona (le Jeune Malgache prêt), d’où son surnom de TGV. Après avoir réussi dans les affaires, l’homme se lance dans la politique. Il aime les défis et vise la Mairie de Tananarive. Il se trouve confronté à un rival de taille : Hery Rafalimanana, candidat du parti présidentiel. Rajoelina est finalement élu Maire, le 12 décembre 2007, avec une large majorité des voies (63,32%).
D’où vient le différent avec Marc Ravalomanana ?
Le conflit avec le régime en place prend de l’ampleur lorsque le gouvernement décide par décision ministérielle, le 13 décembre 2008, d’interdire la diffusion de la chaîne de télévision Viva TV appartenant à Andry Rajoelina.
Cette décision fait suite à la diffusion par la chaîne d’un enregistrement contenant des propos de l’ancien président Didier Ratsiraka, actuellement réfugié en France mais poursuivi par l’Etat Malgache. Les propos de l’ancien Président sont « susceptibles de troubler l’ordre et la sécurité publique ». En réalité, cet enregistrement diffusé par Viva TV, l’a également été en partie et non en totalité par quelques chaînes de télévisions dans leurs journaux télévisés du 13 décembre 2008. Seule la chaîne de télévision du Maire a décidé de diffuser en intégralité le discours de Didier Ratsiraka soit 45 minutes avec programmation de rediffusion.
Les choses s’accélèrent au début de cette année.
Le 31 janvier 2009, Andry Rajoelina s’autoproclame « en charge » de la République de Madagascar sur la place du 13-Mai. Il déclare que c’est désormais lui qui donne leurs ordres aux forces de sécurité. Il demande à ce que les bureaux et l’administration soient fermés le 2 février.Le soir même, Marc Ravalomanana tient une conférence de presse au palais présidentiel, au cours de laquelle il indique que si les 1546 maires malgaches s’autoproclamaient Présidents, la situation serait étrange. À une question sur d’éventuelles poursuites contre le maire, il répond que le ministère de la Justice statuerait en temps opportun.
Le 2 février 2009, les ministères, et la plupart des commerces restent ouverts. Le rassemblement de la place du 13-Mai ne regroupe plus que quelques dizaines de personnes. Andry Rajoelina s’y présente pour annoncer qu’il lance une procédure de destitution contre le président de la République. Il affirme qu’une demande dans ce sens sera déposée devant la Haute Cour constitutionnelle. Au cours d’un meeting, Andry Rajoelina indique à ses partisans que, si la procédure de destitution n’aboutit pas, il leur demandera de marcher avec lui sur le palais présidentiel, à Iavoloha, pour y prendre le pouvoir.
Andry Rajoelina est destitué de ses fonctions de maire par le ministre de l’Intérieur, Gervais Rakotoniriana, le 3 février 2009. En raison de « manquements dans la conduite de la mission de la commune ». Il est remplacé par un administrateur provisoire, officiellement appelé président de délégation spéciale. Andy Rajoelina se réfugie le 6 mars à l’ambassade de France.
Le 17 mars 2009, Andy Rajoelina envahit le palais présidentiel avec l’appui de l’armée, le Président Ravalomanana s’étant réfugié dans une résidence hors de la ville et ayant annoncé dans la matinée sa démission.
S’engage alors un débat pour savoir qui doit prendre la tête de l’Etat, le jeune Maire d’Antananarivo étant peut-être trop jeune (d’après la constitution) pour briguer un mandat de Président. Finalement dans la même soirée, Andry Rajoelina « force » le Directoire militaire à lui confier les pleins pouvoirs.