Alors que la vague de contestations continue d’agiter la Tunisie, le président tunisien Ben Ali a décrété mercredi 12 janvier le limogeage de son ministre de l’Intérieur. Malgré cette décision, la révolte gagne la capitale et menace le régime du président Ben Ali.
Après avoir annoncé la création de quelques 300 000 emplois et décidé de libérer des personnes arrêtées lors des manifestations, le chef d’Etat tunisien Zine El Abidine Ben Ali a limogé son ministre de l’Intérieur Rafik Belhaj Kacem mercredi 12 janvier 2011. Cette décision intervient alors que la révolte sociale contre la vie chère et le chômage s’est propagée dans la plupart des régions du pays, dont la capitale Tunis.
Depuis mardi 11 janvier au soir, l’armée est entrée en scène pour tenter de contenir d’éventuelles émeutes. De nombreux camions, jeeps, et blindés ont été mobilisés et positionnés dans des zones à risque de la ville de Tunis.
Hier après midi à Tunis, les forces de sécurité sont intervenus afin de disperser la foule à coups de gaz lacrymogènes. Plusieurs centaines de jeunes n’ont pas hésité à scander des slogans hostiles à l’encontre du régime en place. Face à la mobilisation massive des manifestants qui ont investi le coeur de la capitale, les autorités ont décrété un couvre-feu hier soir, dans Tunis et sa banlieue. Au moins trois civils ont été tués en province.
Pour rappel, la révolte secoue le pays depuis le 17 décembre le bilan officiel fait état de 23 morts et plus de cinquante selon les syndicats. Depuis le début de la semaine, les tensions restent vives dans les villes de Regueb, Thala et Kasserine, dans le centre du pays, où la répression policière du week-end a fait entre 20 à 50 morts, selon plusieurs sources.
Le président tunisien Zine El Abidine Ben Ali a dénoncé hier une "instrumentalisation politique" de ces troubles sociaux. Des troubles qui ont éclaté à la suite du suicide d’un marchand ambulant qui s’était donné la mort pour contester la saisie de ses marchandises - fruits et légumes - par la police municipale. Le 17 décembre 2010 à Sidi Bouzid, ce vendeur à la sauvette s’était aspergé d’essence pour s’immoler par le feu, et est devenu le martyr de la précarité de l’emploi dans le pays.