Des milliers de Togolais ont défilé samedi à Lomé dans deux manifestations distinctes, l’une pour dénoncer un accord entre le principal opposant Gilchrist Olympio et le pouvoir, ayant abouti à l’entrée d’opposants au gouvernement, l’autre pour saluer cette nouveauté.
LOME (AFP) - Des milliers de Togolais ont défilé samedi à Lomé dans deux manifestations distinctes, l’une pour dénoncer un accord entre le principal opposant Gilchrist Olympio et le pouvoir, ayant abouti à l’entrée d’opposants au gouvernement, l’autre pour saluer cette nouveauté.
En milieu de matinée, plusieurs milliers de personnes ont entamé une marche de soutien à la "politique d’ouverture" du président Faure Gnassingbé, a constaté un journaliste de l’AFP.
"C’est une manifestation organisée par les forces vives de la nation pour soutenir la politique de réconciliation, d’apaisement social et d’ouverture" du chef de l’Etat, a expliqué Solitoki Esso, secrétaire général du Rassemblement du peuple togolais (RPT, au pouvoir), au milieu de la foule.
Suite à un accord signé mercredi avec le principal opposant togolais, Gilchrist Olympio, 74 ans, qui dirige l’Union des forces pour le changement (UFC), un décret présidentiel a annoncé vendredi la composition d’un nouveau gouvernement comprenant sept ministres issus de ce parti.
Il s’agit d’une première depuis la création en 1992 de l’UFC, qui a notamment obtenu le portefeuille des Affaires étrangères.
L’UFC est officiellement arrivé en deuxième position lors de la présidentielle du 4 mars qui a vu la réélection de Faure Gnassingbé.
"Je suis sorti pour soutenir mon président, pour tous les efforts consentis pour que l’UFC puisse entrer au gouvernement. C’est un homme très ouvert, lui seul pourra réconcilier ce pays", a estimé Adji Gnonsa, chauffeur, venu manifester.
Des cadres du RPT et des nouveaux ministres ont battu le pavé aux côtés de nombreux jeunes portant des t-shirts aux inscriptions "Faure Gnassingbé pour le Togo uni et prospère" et "Faure Gnassingbé président de tous les Togolais".
L’accord du 26 mai a été décrit comme "historique", M. Olympio s’étant opposé pendant des décennies au général Gnassingbé Eyadéma, qui dirigea le pays d’une main de fer de 1967 à sa mort en 2005, puis à son fils, l’actuel président.
Certains ont salué le courage de M. Olympio, dont le père, Sylvanus Olympio, premier président du Togo indépendant, fut assassiné en 1963 lors d’un coup d’Etat auquel prit part le général Eyadéma.
Mais la pilule n’est pas passée à l’UFC qui est désormais clairement divisée. Estimant ne pas avoir été consulté par M. Olympio sur l’accord qu’il affirme avoir signé "au nom de l’UFC", le bureau national du parti a suspendu son dirigeant vendredi, ainsi que les 7 ministres.
Partis en fin de matinée du quartier populaire Bè, des milliers de sympathisants de l’UFC, emenés par leur candidat à la présidentielle, Jean-Pierre Fabre, brandissaient des pancartes "A bas les traîtres" et "Gilchrist Olympio le killer".
M. Fabre rejette la victoire de M. Gnassingbé à la présidentielle qu’il estime avoir remportée. Chaque samedi depuis l’élection, l’UFC marche dans Lomé pour protester contre les résultats officiels.
"Gilchrist (Olympio) a reçu la sanction qu’il mérite parce qu’il a trahi notre parti. Nous ne voulons plus de lui", a lancé Yves Adonou, un conducteur de taxi-moto dans le cortège.
M. Fabre a dénoncé la démarche "solitiare" de Gilchrist Olympio lors d’un meeting sur la plage de Lomé à l’issue de la marche.
"Nul n’est au dessus des textes de notre parti (...) M. Olympio passera devant le conseil de discipline qui peut l’exclure définitivement du parti", a-t-il averti.
Gilchrist Olympio ne s’est pas exprimé depuis sa suspension.
Les deux manifestations se sont dispersées dans le calme en milieu d’après-midi.