Trois travailleurs humanitaires, deux Soudanais et une Américaine, ont été enlevés mardi dans le sud du Darfour, région soudanaise en guerre civile où les rapts d’étrangers se multiplient depuis plus d’un an.
KHARTOUM (AFP) - Trois travailleurs humanitaires, deux Soudanais et une Américaine, ont été enlevés mardi dans le sud du Darfour, région soudanaise en guerre civile où les rapts d’étrangers se multiplient depuis plus d’un an.
"Trois travailleurs humanitaires d’une ONG américaine ont été enlevés sur la route de Nyala (Darfour-Sud). Il s’agit de deux Soudanais et d’une Américaine", a déclaré à l’AFP le ministre soudanais des Affaires humanitaires, Abdel Baqi al-Jilani.
L’ambassade américaine au Soudan a confirmé l’enlèvement de sa ressortissante. "Nous travaillons en ce moment avec les autorités compétentes afin d’obtenir de plus amples informations", a dit à l’AFP la porte-parole de la représentation américaine, Judith Ravin.
Selon l’ONU à Khartoum, deux voitures au sein desquelles se trouvaient neuf employés de l’ONG ont été arrêtées par des hommes armés, à hauteur du village d’Abou Ajoura. "Trois personnes ont été enlevées. Les six autres se trouvent à Abou Ajoura et sont censées être en sécurité", a indiqué le porte-parole, Samuel Hendricks. Il n’a pas donné d’indication sur le nom de l’ONG concernée.
Un responsable des services de sécurité a indiqué à l’AFP que les ravisseurs, à bord de huit véhicules, s’étaient "emparés des téléphones mobiles et de l’argent des humanitaires avant d’emmener trois d’entre eux".
Le ministre soudanais des Affaires humanitaires a avancé la piste financière.
"Par expérience, nous nous attendons à une demande de rançon. Nous avions demandé aux organisations humanitaires oeuvrant au Darfour de réduire les mouvements" pour leur personnel étranger, a relevé M. Jilani.
Le Darfour est le théâtre depuis plus d’un an d’une vague d’enlèvements visant des expatriés, et les derniers cas remontent au mois dernier avec le rapt de quatre policiers sud-africains de la mission de paix ONU-Union africaine (Minuad).
Ceux-ci ont été libérés le 26 avril après deux semaines de détention.
Au moment du rapt, leurs ravisseurs avaient expliqué vouloir attirer les yeux du monde sur l’impossibilité de tenir des élections au Darfour en raison du niveau d’insécurité. Le Soudan a connu du 11 au 15 avril ses premières élections multipartites en près de 25 ans, qui ont reconduit au pouvoir le président Omar el-Béchir.
Le 7 mai, deux casques bleus égyptiens ont par ailleurs été tués et trois autres blessés dans une embuscade au Darfour.
Cette attaque n’avait pas été revendiquée et la Minuad avait demandé au "gouvernement soudanais d’identifier, de capturer et de juger rapidement les auteurs" du double meurtre.
Ces deux morts avaient porté à 24 le nombre de casques bleus décédés de façon violente depuis le déploiement en janvier 2008 de la mission conjointe, appelée à devenir la plus importante mission de paix au monde.
Une guerre civile complexe sévit depuis 2003 au Darfour. Elle est à l’orgine de 300.000 morts selon les estimations de l’ONU -10.000 d’après Khartoum- et 2,7 millions de déplacés.
Si Khartoum et l’un des principaux groupes rebelles, le mouvement pour la justice et l’égalité (JEM), ont signé en février dernier à Doha un cessez-le-feu doublé d’un accord politique, ces pourparlers n’ont pas débouché sur une paix durable à la date prévue du 15 mars.