Le chef d’Etat par intérim Goodluck Jonathan a prêté serment jeudi à la présidence à Abuja, devenant le cinquième président civil du Nigeria, après la mort la veille d’Umaru Yar’Adua.
ABUJA (AFP) - Le chef d’Etat par intérim Goodluck Jonathan a prêté serment jeudi à la présidence à Abuja, devenant le cinquième président civil du Nigeria, après la mort la veille d’Umaru Yar’Adua.
Yar’Adua est décédé d’une longue maladie liée à des problèmes cardiaques à l’âge de 58 ans après avoir disparu de la scène publique durant plus de cinq mois. Il a été enterré jeudi dans sa ville natale de Katsina, dans le nord.
Vêtu d’un costume traditionnel bleu marine et coiffé de son habituel chapeau à rebords en feutre noir, M. Jonathan, 52 ans, a juré de servir son pays devant le président de la Cour Suprême, Aloysius Katsina-Alu.
La cérémonie s’est tenue au palais présidentiel en présence du gouvernement qu’il a récemment remanié, des responsables du parlement, de son Parti démocratique du peuple (PDP), de l’armée et du corps diplomatique.
Dans un court discours, le nouveau président a affirmé "son total engagement envers la bonne gouvernance, la réforme électorale et la lutte contre la corruption qui sera poursuivie avec une plus grande vigueur" dans le pays le plus peuplé d’Afrique, avec 150 millions d’habitants.
Il dispose d’environ un an avant les prochaines élections générales de 2011 pour faire ses preuves : il s’agit notamment d’assurer un scrutin libre et équitable, alors que les élections de 2007, qui avaient propulsé Yar’Adua au pouvoir, avaient été vivement critiquées.
L’ancien gouverneur de Bayelsa, dans le sud pétrolier, a également jugé prioritaire la pacification et le développement de cette région où divers groupes rebelles demandent une meilleure répartition des richesses de l’or noir.
Umaru Yar’Adua avait promis l’amnistie et une réintégration à ceux qui déposeraient les armes, recueillant des centaines d’adhésions. Mais la lenteur du processus a amené le Mouvement pour l’émancipation du delta du Niger (Mend), principale organisation rebelle, à annoncer la fin de son cessez-le-feu.
Jeudi, le Mend a rendu hommage à Yar’Adua, qualifiant son offre de "premier pas courageux, malheureusement détruit par des responsables gouvernementaux corrompus".
La tâche qui attend M. Jonathan est immense, notamment avec les tensions inter-communautaires concentrées dans l’Etat central du Plateau où plus de 1.500 personnes ont été tuées et des milliers déplacées depuis janvier.
En principe, son successeur devrait être issu du nord, tout comme Yar’Adua qui n’a pas achevé son mandat, selon une règle du PDP qui veut alterner deux mandats de quatre ans tenus par le nord musulman, deux autres par le sud chrétien.
Mais le nouveau président n’a pas dit son dernier mot et nombre de réformistes le soutiennent, étalant au grand jour les divisions du parti.
Le PDP a d’ailleurs félicité M. Jonathan, estimant qu’il avait "montré un fort engagement envers la nation nigériane (...) à un moment très critique de la vie de notre nation", lorsque vice-président il avait été nommé le 9 février président intérimaire.
Le parti d’opposition Action Congress (AC) a applaudi la transition, jugeant que ce pays à l’histoire jalonnée de coups d’Etat militaires montrait "maintenant un fonctionnement de type démocratique".
Avant son décès mercredi vers 21H00 GMT, Yar’Adua n’avait été vu par quasiment personne pendant cinq mois. Il était parti en novembre à Djeddah (Arabie Saoudite) pour se faire soigner du coeur, puis ramené le 24 février incognito dans son pays.
L’enterrement du notable fulani de l’Etat de Katsina, père de huit enfants issues de deux épouses, a eu lieu jeudi après-midi à Katsina-ville, en présence de milliers de personnes, dont les dirigeants du PDP, du Parlement, des religieux et le Premier ministre du Niger voisin Mohammad Danda.