Alors que le Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA), principale formation de la rébellion touareg malienne, a décrété hier l’Indépendance de l’Azawad, région Nord du Mali, la junte militaire s’est engagée hier soir à remettre le pouvoir aux civils après qu’un accord cadre ait été conclu.
Après la déclaration d’indépendance de l’Azawad faite par les rebelles touaregs et largement rejetée par la communauté internationale, la junte militaire s’est engagée à rendre le pouvoir aux civils vendredi soir dans le cadre de l’accord passé avec la Cedeao qui a menacé de recourir à la force pour préserver ’intégrité nationale".
"Nous sommes parvenus à un accord, accord qui permettra dans les heures et les jours à venir de mettre effectivement en place les organes prévus par la Constitution et qui fonctionneront de manière régulière", a expliqué à la télévision publique ORTM le ministre burkinabè des Affaires étrangères, Djibrill Bassolè, au nom de la la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao).
Hier, sur la chaîne France 24, et dans une déclaration sur son site Internet, le MNLA a hier "officialisé" la division du Mali : une partie sud contrôlée par des militaires putschistes, et une partie nord dominée par les rebelles touaregs alliés Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) et d’autres groupes islamistes criminels.
"Nous proclamons solennellement l’indépendance de l’Azawad à compter de ce jour", déclare Mossa Ag Attaher, porte-parole du MNLA au micro de France 24 vendredi 6 avril. "Nous venons de terminer un combat très important, celui de la libération", ajoute-t-il. Les mêmes déclarations ont été faites sur le site internet de la rébellion. Le mouvement s’engage à respecter "les frontières avec les Etats limitrophes".
L’Azawad est un immense territoire aride d’une surface équivalente à celles de la France et de la Belgique réunies. Il se situe au nord du fleuve Niger et comprend les trois régions administratives de Kidal, Tombouctou et Gao.
Une semaine après le coup d’Etat militaire qui a renversé le président malien Amadou Toumani Touré le 22 mars à Bamako, ces trois régions sont tombées en trois jours aux mains du MNLA, du mouvement islamiste Ansar Dine appuyé par des éléments d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) et d’autres groupes islamistes.
L’ancienne puissance coloniale, la France a rejeté une "déclaration d’indépendance unilatérale" du Nord-Mali, une proclamation qui "n’aurait pas de sens" si elle n’est pas reconnue par la communauté internationale, dont les Etats africains voisins, selon le ministre français de la Défense Gérard Longuet.
La Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cédéao) ont adopté un embargo diplomatique et économique total contre Mali quelques jours après le coup d’Etat.
A l’heure actuelle, la situation dans le Nord du Mali reste confuse. Amnesty Internatianal a fait part de ses inquiétudes face aux effets conjugués de la sécheresse, des violences et des graves atteintes aux droits de l’homme commises dans ce pays, aujourd’hui "au bord du désastre humanitaire".
Les organisations de la société civile locale dénoncent notamment "des menaces d’interruption des fournitures d’eau et d’électricité ", "des enlèvements de petites filles ", "des viols"…