Alors que la pression internationale s’accentue contre la Libye, le régime Kadhafi reste imperturbable. Les Etats-Unis se sont mis sur le pied de guerre en prévision d’une éventuelle intervention militaire.
Le ton était ferme et le message était clair le 28 février à Genève lors d’une réunion du Conseil des droits de l’homme de l’ONU. L’assemblée a unanimement appelé au départ immédiat du dictateur Mouammar Kadhafi pour mettre fin à la tuerie en Libye. Ainsi, toutes les options sont envisagées, allant de l’intervention militaire, à une possibilité de l’exil du numéro un libyen.
La secrétaire d’État américaine Hillary Clinton a été la première à avoir souhaité le départ immédiat de Kadhafi. La chef de la diplomatie américaine s’indigne du fait que Mouammar Kadhafi ait eu recours à " des mercenaires et des voyous " pour éliminer son propre peuple. Selon elle, le leader libyen et son entourage " devront rendre compte de leurs agissements ", faisant référence à la saisine de la Cour pénale internationale.
Dans la foulée, le porte-parole du Pentagone, Dave Laplan, a indiqué que les Etats-Unis ont commencé à déployer leurs forces aéronavales à proximité de la Libye. "Nous sommes en train de repositionner des forces en vue d’avoir la flexibilité nécessaire une fois que les décisions auront été prises", explique M. Laplan.
De son côté, la France s’est également déclarée favorable à une éventuelle intervention militaire pour faire plier Kadhafi. Le Premier ministre François Fillon a indiqué que toutes les options étaient à l’étude, y compris militaire. "Je sais qu’on évoque des solutions militaires, ces solutions font l’objet d’évaluation de la part du gouvernement français", a-t-il dit.
Pour le moment, le nouveau chef de la diplomatie française, Alain Juppé, écarte toute précipitation, privilégiant la voie du dialogue avec les nouveaux régimes au Maghreb. Cette déclaration a été faite ce mardi matin au Quai d’Orsay lors de la passation du pouvoir avec l’ancienne ministre Michèle Alliot-Marie.
Par ailleurs, après l’ONU et les Etats-Unis, l’Union européenne a imposé hier un embargo sur les armes contre la Libye ainsi que le gel des avoirs et l’interdiction de visa contre Kadhafi et ses proches.
Les Etats-Unis ont pour leur part annoncé le blocage de 30 milliards de dollars d’actifs du colonel Kadhafi en application des sanctions adoptées vendredi dernier par la Maison Blanche.
Malgré la pression grandissante de la communauté internationale, Mouammar Kadhafi, au pouvoir depuis 41 ans, fait la sourde oreille.
"Mon peuple m’adore. Il mourrait pour me défendre", a-t-il déclaré hier dans un entretien pour la chaîne de télévision américaine ABC. Dans son discours, le dirigeant libyen continue de nier la répression meurtrière reprochée à son régime, accusant les manifestants libyens de servir les intérêts d’Al Qaïda. M. Kadhafi fustige ainsi l’Occident de l’avoir abandonné en pleine bataille contre le terrorisme. "Je suis surpris, alors que nous sommes alliés à l’Occident pour combattre Al Qaïda, qu’il nous abandonne maintenant que nous combattons les terroristes", a-t-il déclaré.
D’après le secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon, le bilan de la répression en Libye s’élève à plus d’un millier de morts.