Face à la pression internationale, le leader libyen Mouammar Kadhafi s’est exprimé sur la chaîne de télévision publique dans la soirée du mardi 22 février 2011. Un discours sans nuance dans lequel le Guide a brandi la menace de « boucherie » contre ses opposants.
Dans un discours retransmis à la télévision d’Etat libyenne, Mouammar Kadhafi n’est pas allé par quatre chemins pour exprimer sa colère contre les manifestants anti-régime. Acculé par le peuple et par la communauté internationale, il a réaffirmé qu’il ne " quittera pas son pays jusqu’à la fin des jours ". Le dirigeant libyen a promis de " nettoyer la Libye " des ses opposants, " maison par maison ". Il a ainsi appelé ses partisans à combattre avec fermeté " les rats et les microbes, à l’origine des troubles dans le pays ". Un propos qui fait référence aux manifestations anti-gouvernementales qui continuent de secouer la Libye depuis une semaine. " La vraie force, c’est le peuple ", lance le Guide libyen, en réponse aux condamnations internationales reprochant à son armée d’avoir fait " usage excessif de la force ".
Continuant sur son discours enflammé, Kadhafi a juré qu’ "il allait se battre jusqu’à la dernière goutte de son sang " pour rétablir l’ordre en Libye.
L’homme fort de la Libye a aussi appelé l’armée et la police à reprendre la main, et a menacé les manifestants armés de "la peine de mort". " Capturez les rats ! ", ordonne-t-il, en faisant allusion à ses opposants. S’adressant à ces derniers, les menaces fusent : "Rendez vos armes immédiatement, sinon il y aura des boucheries". Pour dissuader les manifestants libyens, il a expressément évoqué la répression militaire "similaire à celle de la Place Tienanmen", lors du "Printemps de Pékin", en juin 1989.
Pour son intervention télévisée qui a duré environ une heure et vingt minutes, Mouammar Kadhafi a choisi comme cadre sa maison bombardée en avril 1986 par les Américains et laissée depuis à l’état de ruine. "Mouammar Kadhafi est le chef de la révolution, synonyme de sacrifices jusqu’au dernier souffle", rappelle-t-il, s’exprimant à la troisième personne.
Comme on s’y attendait, ses déclarations n’ont fait que raviver l’inquiétude de la communauté internationale. La chancelière allemande a été la première à réagir. Angela Merkel estime le discours du colonel Kadhafi " très effrayant ". Pour elle, le dirigeant libyen a "pratiquement déclaré la guerre à son propre peuple ". Et elle d’exiger "l’arrêt des violences", sinon, dit-elle, l’Allemagne "réfléchirait à des sanctions".
Pour sa part, la France a dépêché à Tripoli trois avions pour évacuer ses ressortissants. De source officielle libyenne, les violences ont fait en une semaine au total 300 morts dont 58 militaires. Tandis que la fédération internationale des droits de l’homme comptabilise au moins 400 morts.