Après Ben Ali en Tunisie, Moubarak en Egypte, c’est au tour de Kadhafi de connaitre un soulèvement populaire sans précédent. Le vent du changement qui souffle depuis quelques mois dans les Etats arabes notamment ceux de l’Afrique du Nord semble avoir atteint la Lybie.
Ainsi, Benghazi, la seconde plus grande ville du pays, a été le théâtre de violents affrontements entre éléments des forces de l’ordre et opposants au régime du Guide mercredi. Les manifestants avaient tenu un sit-in quand ils ont été délogés par les policiers. C’est l’arrestation de Fethi Tarbel, un militant pour les droits de l’Homme, qui a provoqué la colère de la foule. Cette dernière a alors lancé des pierres en direction des forces de l’ordre qui répliquaient en tirant des balles en caoutchouc. Le bilan officiel des affrontements fait état de 38 blessés.
La pression autour de Mouammar el Kadhafi s’accentue. Depuis La Haye, Hadi Shalluf, leader du parti d’opposition Démocratie et Justice pour la Lybie, a signifié vouloir la chute du régime du Guide qui dirige le pays d’une main de fer depuis plus de 40 ans. Par ailleurs, il réclame aussi l’organisation d’élections législatives et présidentielle, choses que les libyens n’ont jamais connues sous l’ère Kadhafi. Par ailleurs, les opposants au régime ont appelé via les réseaux sociaux Internet à une "journée de colère" contre le régime ce jeudi. Les autorités ont d’ores et déjà prévenu qu’elles ne permettraient pas des actes de déstabilisation sur le territoire, des déclarations qui font craindre de violentes répressions armées. De leur côté, des pro-Kadhafi ont également manifesté après les heurts de Benghazi, des manifestations qui ont été massivement diffusées à la télévision.
Il est à noter que Mouammar el Kadhafi, à peine âgé de 27 ans, est monté au pouvoir en 1969 à la suite d’un coup d’Etat. Sa longévité à la tête de la Lybie, un record en Afrique, a été acquise grâce à une dictature de fer interdisant notamment la formation de partis politiques et de syndicats sur le territoire. Profitant de la manne pétrolière, l’ère Kadhafi montre donc deux faces contradictoires dont l’une est symbolisée par des avancées socio-économiques indéniables et l’autre par cet immobilisme politique flagrant.