Le Libéria semble pouvoir contrer le pillage de ses ressources en bois grâce notamment à l’action de sa présidente, Ellen Johnson Sirleaf. Un exemple pour Madagascar, embourbée dans un trafic international de bois précieux.
Bois de rose, ébène, palissandre… voilà les bois qui transitent illégalement par le port de Tamatave à Madagascar. On parle volontiers de 10 000 tonnes de bois exportées (voir article
"le pillage de bois précieux à Madagascar continue") alors que le gouvernement ne communique que sur 1 500 tonnes. Une catastrophe écologique. Les bois précieux se trouvent en zone protégée et il faut 60 ans pour qu’un plant de bois de rose arrive à l’âge adulte.
A des milliers de kilomètres de là, même problématique mais avec un début de solution. Le Libéria a souffert également du pillage de son bois pendant des années de guerre. Sept ans plus tard, dans ses immenses forêts tropicales, on attache, une par une, des étiquettes électroniques aux arbres : une technologie mise en œuvre pour relancer le commerce légal du bois. Un peu comme les codes-barres collés aux produits de supermarché, ces étiquettes intelligentes attachées à chaque arbre doivent permettre de suivre le bois, de sa coupe en forêt jusqu’à son embarquement au port.
Le Liberia, 3,5 millions d’habitant, 111 000 km2, est ainsi le premier pays au monde à atteindre ce niveau du système de traçabilité. Ce sont les suisses de la société SGS (société générale de surveillance), leader mondial dans le domaine de la certification qui sont chargés de la gestion des forêts dans ce pays. Car au cours des 14 années de guerre civile (1989-2003), les ressources en bois du pays ont été pillées par les belligérants qui s’en servaient pour financer leur armement (voir l’article de Greenpeace :
"Le Libéria, pays de mafia du bois et des armes").
En 2006, le tribunal de La Haye avait ainsi condamné à huit ans de prison un négociant néerlandais en bois pour avoir vendu des armes au régime de Charles Taylor en échange de l’exploitation de lucratives concessions de bois exotique. Mais la nouvelle présidente élue fin 2005, Ellen Johnson Sirleaf, a fait annuler les anciennes concessions. Puis l’ONU a levé en 2006 son embargo sur le bois libérien, en tenant compte des efforts du gouvernement pour reprendre le contrôle des forêts.
Le relèvement de l’industrie du bois est crucial pour la reconstruction de ce pays d’Afrique de l’Ouest, classé parmi les plus pauvres du monde. Le revenu brut par habitant de ce pays est 10 fois moins élevé que celui de Madagascar. En 2005, l’Organisation internationale des bois tropicaux avait estimé qu’avant l’effondrement du régime de Charles Taylor en 2003, le secteur forestier générait jusqu’à 20 millions de dollars de revenus pour le trésor national et environ 100 millions de dollars pour les exportations. Depuis qu’il a recommencé à accorder des concessions début 2009, le gouvernement aurait engrangé 12 millions de dollars.
Mais la préservation de la forêt est l’objectif numéro 1. Comme à Madagascar, les sociétés qui ont obtenu des autorisations d’exploitation ont été très soigneusement choisies et sont contrôlées par l’Autorité de développement de la sylviculture. Reste à vérifier si le système d’attribution des concessions profite réellement aux communautés qui dépendent de la forêt. Dans ces contrats, il y a des dispositions expliquant clairement que les sociétés doivent construire des écoles, des routes, des hôpitaux dans des secteurs où elles opèrent. C’est toute la différence avec Madagascar.