Selon un communiqué diffusé hier soir par le régime Gbagbo, le bilan se chiffrait à vingt morts, dont dix dans le camp de son rival Ouattara, et dix autres parmi les forces de l’ordre.
Le face-à-face sanglant a eu lieu lors de la marche populaire initiée par Guillaume Soro, Premier ministre d’Alassane Ouattara, pour prendre le contrôle de la télévision d’Etat RTI. Selon des sources concordantes, M. Ouattara et son Premier ministre se trouvaient encore dans leur QG à l’Hôtel du Golf quand les violences ont éclaté.
Après la journée meurtrière de jeudi, Guillaume Soro a d’emblée annoncé que la marche sur la télévision d’Etat RTI devrait reprendre ce vendredi 17 décembre.
Dans un communiqué publié par ses services, M. Soro invitait la population "à ne pas se laisser distraire par cette dictature des chars et à réclamer la liberté de l’information pluraliste par les médias d’Etat".
A l’appel du gouvernement Ouattara, plusieurs milliers d’Ivoiriens sont descendus dans les rues jeudi matin pour investir la télévision d’Etat RTI, un haut lieu de la propagande pro-Gbagbo.
Comme on s’y attendait, cette manifestation a été violemment réprimée par les Forces de défense et de sécurité (FDS), placées sous les ordres du président sortant Laurent Gbagbo.
Tôt dans la matinée, à peine la marche lancée, au moins quatre morts étaient signalés par les correspondants des médias internationaux déployés sur place. Des échanges de tir à l’arme lourde s’étaient prolongés jusqu’en fin de matinée et retentissaient jusqu’aux abords de l’hôtel du Golf, le quartier général des pro-Ouattara. Selon
le journal en ligne de la RFI (Radio France Internationale), un journaliste de l’agence Reuters a été blessé dans des accrochages entre les manifestants et les forces de l’ordre. Le reporter se serait fracturé la jambe et a été amené à la polyclinique toute proche.
D’autres affrontements ont également eu lieu dans d’autres villes ivoiriennes telles à Yamoussoukro où sept personnes ont été blessées par balles lorsque les forces loyales à Gbagbo ont dispersé une manifestation.
Face au regain de violences en Côte d’Ivoire, la France a appelé "à la retenue de part et d’autre". "Il faut éviter toute violence. La Côte d’Ivoire n’a pas besoin de ça", a déclaré sur LCI la ministre des Affaires étrangères Michèle Alliot-Marie.
Le Conseil de sécurité de l’ONU a mis en garde contre toute attaque visant des civils en Côte d’Ivoire, soulignant que les auteurs des violences seront "traduits en justice" pour répondre de leurs actes.
Dans un entretien à la télévision France 24 ce jeudi, le procureur de la Cour pénale internationale (CPI) Luis Moreno-Ocampo a quant à lui prévenu qu’il engagerait des poursuites contre quiconque serait responsable de violences meurtrières en Côte d’Ivoire.