Les élections législatives en Ethiopie se sont déroulées sans incident majeur dimanche dans tout le pays, avec une forte participation à la mi-journée mais déjà des accusations de l’opposition sur des fraudes en faveur du parti au pouvoir.
ADDIS ABEBA (AFP) - Les élections législatives en Ethiopie se sont déroulées sans incident majeur dimanche dans tout le pays, avec une forte participation à la mi-journée mais déjà des accusations de l’opposition sur des fraudes en faveur du parti au pouvoir.
Près de 32 millions d’électeurs étaient appelés à ce scrutin dans lequel le Front révolutionnaire et démocratique des peuples éthiopiens (EPRDF), dirigé par le Premier ministre Meles Zenawi, au pouvoir depuis 19 ans, fait figure de grand favori.
A la mi-journée, le Bureau national électoral éthiopien (NEBE) établissait la participation à "plus de 70-80%" dans la capitale.
Le chef des observateurs de l’Union Européenne (UE), Thijs Berman, a confirmé cette tendance dans le pays, avec un scrutin "calme et paisible".
"Le peuple éthiopien a montré dans le calme et la paix qu’il veut ces élections, et il l’a montré en masse", s’est félicité M. Berman, peu après la fermeture des bureaux vers 18H00 locales (15H00 GMT).
En 2005, des violences avaient fait près de 200 morts à la proclamation des résultats du scrutin quand l’opposition —avec le meilleur score de son histoire— et l’UE avaient dénoncé des irrégularités dans le comptage des voix.
Cette fois, le régime avait promis un scrutin "libre, juste et transparent".
L’opposition et des défenseurs des droits de l’Homme ont dénoncé ces dernières semaines un climat général d’intimidation et le verrouillage en amont de tout le processus.
Dès la mi-journée ce dimanche, l’opposition s’est mise à dénoncer des fraudes, surtout dans l’Oromo, où des violences avaient eu lieu durant la campagne, et dans la capitale.
"Jusqu’à présent, nos observateurs n’ont pu entrer dans 80% des bureaux de vote" autour d’Ambo, affirmait Merara Gudina, président de l’Oromo people’s congress (OPC), un des huit partis de la coalition de l’opposition (Medrek).
"Dans certaines zones, quand nos observateurs sont arrivés, les urnes étaient ouvertes et bourrées", assurait-il, accusant des assesseurs électoraux d’avoir parfois voté à la place des électeurs.
A Addis Abeba, un autre dirigeant de l’opposition, l’ancien président Negasso Gidada, a affirmé que "dans beaucoup d’endroits, nos observateurs n’ont pas été autorisés à entrer dans les bureaux".
Il a émis "des doutes sur le secret du vote" et accusé des militants de l’EPRDF "d’accompagner des électeurs" dans l’isoloir pour les influencer.
La candidate de l’opposition et rivale de M. Zenawi dans son fief d’Adoua, (Tigré, nord-est), Aregash Adana, a déploré "un processus non démocratique, une atmosphère générale peu favorable".
Le NEBE a immédiatement rejeté ces accusations, "totalement absurdes".
Le patron des observateurs de l’UE a rapporté qu’à la suite de plaintes, des enquêtes étaient en cours.
"Les choses étaient très bien organisées dans la plupart des bureaux de vote visités par nos observateurs", a cependant assuré M. Berman, dont les 160 observateurs, soumis à un strict "code de conduite", ont travaillé "en toute liberté et sans aucune entrave".
Près de 43.000 bureaux de vote ont accueilli les électeurs dans les 547 circonscriptions du pays. Les Ethiopiens départageaient un total de 6.939 candidats issus de 63 partis politiques pour la Chambre des représentants et les conseils locaux.
Le décompte des voix a débuté à la fermeture des bureaux et devait être achevé dès dimanche soir, selon le NEBE, qui présentera mardi des résultats partiels. Les résultats définitifs ne seront publiés que le 21 juin, ainsi que prévu par la loi.