Gibier préféré des Ivoiriens, l’agouti, un gros rongeur au pelage sombre, suspecté d’être un vecteur potentiel du virus Ebola, est frappé d’interdiction de chasse, de consommation et de commercialisation.
En Côte d’Ivoire, les autorités ont pris la décision d’interdire la chasse, la consommation et la commercialisation des agoutis, gros rongeurs de brousse d’un demi-mètre de long et au pelage marron foncé, suspectés de véhiculer le
virus Ebola, à l’origine d’une épidémie de
fièvre hémorragique sans précédent en Afrique australe, notamment en Guinée ou au Libéria.
Depuis fin mars, la ministre ivoirienne de la Santé Raymonde Goudou Coffie a appelé la population locale à rayer de leur menu l’igouti, un gibier pourtant très apprécié dans le pays. Elle a invité tout un chacun à éviter ce ragondin "jusqu’à être sûr qu’il n’y a plus de risques".
L’interdiction est même étendue sur d’autres espèces animales comme antilopes, chimpanzés ou porc-épic. Un coup dur pour les chasseurs et restaurateurs locaux. Et pour cause, à Bouaké par exemple, les marchés dédiés à la vente de la viande sauvage se vident de leur clientèle suite à cette mesure d’interdiction.
Des équipes du ministère des eaux et forêts ou de services d’hygiène sillonnent le pays à la recherche d’éventuels contrevenants. En effet, nombreux sont ceux qui bravent l’interdit pour satisfaire leurs papilles gustatives, déjà habituées à ces mets délicats. Pas plus tard que la semaine dernière à Bouaké, un alcoolique d’une quarantaine d’années n’hésitait pas à commander, un brin ironique, "de la viande d’Ebola", en référence à l’agouti braisé, comme le rapporte Le Figaro. "Ebola ne résiste pas à l’alcool ni à l’eau chaude", s’esclaffe un autre amateur de ce gibier sauvage.
Plusieurs kilomètres plus loin, à Yamoussoukro, la capitale ivoirienne, les agents de l’Etat ont saisi 200 kilos de gibier fumé, qui ont par la suite été brûlés lundi dernier. A l’heure actuelle, les autorités ivoiriennes poursuivent sans relâche la traque des contrevenants car l’enjeu est énorme. En effet, les animaux sauvages sont considérés comme des vecteurs potentiels du virus Ebola, le chauve-souris ayant d’ores et déjà été identifié comme l’agent transmetteur de l’épidémie actuelle, d’après Le Figaro.
A noter que la contamination de cette maladie contagieuse se fait généralement par contact direct avec le sang, les liquides biologiques ou les tissus des sujets infectés. Au total 101 décès liés à Ebola ont été enregistrés en Guinée depuis janvier dernier, selon le dernier bilan diffusé par l’OMS. Les pays voisins comme Liberia, Sierra Leone, Mali sont également touchés par l’épidémie.