Dans une interview à RFI, Laurent Gbagbo dément la rumeur véhiculée hier soir sur sa reddition. De plus, le président sortant ivoirien nie avoir engagé des négociations sur son départ.
" On n’est pas au stade des négociations. Et puis, mon départ d’où, mon départ vers où ? Ce que je peux vous dire c’est que, hier (lundi 4 avril, ndlr), nous avons subi des frappes lourdes, aériennes de la part de l’armée française ", déclare Laurent Gbagbo, qui refait surface 24 heures après avoir été déclaré introuvable. En clair, Laurent Gbagbo refuse pour le moment de parler de démission.
Face aux appels à la démission persistants lancés par la communauté internationale, le président autoproclamé ivoirien reste inflexible.
" (…) Je dis j’ai gagné les élections. Mon adversaire (Alassane Ouattara, ndlr) dit qu’il a gagné les élections. Je dis OK asseyons-nous et discutons, sortons les arguments. C’est tout ce que je demande. Mais on ne m’écoute pas. Il s’agit d’élections. Or, quand à la fin d’un processus électoral, deux candidats se déclarent vainqueurs, il y en a un forcément qui a été élu. Et l’autre se trompe de bonne foi ou alors il ment. Il faut régler cela ", commente le dirigeant ivoirien sur les ondes de RFI.
Dans son interview, Laurent Gbagbo n’a pas manqué de dénoncer les opérations des forces françaises et onusiennes qui ont bombardé lundi soir sa résidence, son palais et des camps militaires acquis à sa cause. Il condamne ce qu’il qualifie comme " une prise de pouvoir avec des armées étrangères ".
" Si on veut compter sur les frappes aériennes faites avec des armées étrangères dans nos pays pour être président, évidemment on ira nulle part. Parce qu’aujourd’hui, un tel appelle l’armée française, demain un autre va appeler l’aviation chinoise et après-demain un troisième va appeler l’aviation russe. On ne s’en sortira pas comme ça ", fustige-t-il.
Mardi 5 avril, le ministre français des Affaires étrangères, Alain Juppé, a déclaré être " au courant " de négociations en vue du départ de Laurent Gbagbo. Pour sa part, le premier ministre français François Fillon a fait savoir que " deux généraux proches de Gbagbo négocient une reddition ". Des déclarations aussitôt démenties par l’entourage de l’intéressé. De son côté, l’Elysée a précisé qu’il n’y avait " pas encore de reddition ", mais " des tractations ". Selon des sources diplomatiques, la France tente aujourd’hui de convaincre Laurent Gbagbo de signer un document de renonciation au pouvoir. Une démarche dont on ignore l’issue pour l’instant.