Un pays, deux présidents, deux premiers ministres, et bientôt deux gouvernements. C’est un schéma politique assez inhabituel qui tiraille depuis deux jours la Côte d’Ivoire.
Ce week-end, le président autoproclamé Laurent Gbagbo et son rival démocratiquement élu Alassane Ouattara ont chacun nommé son premier ministre. L’économiste Gilbert Marie Bo Aké pour le premier et l’ex-premier ministre Guillaume Soro pour le second. Aux dernières informations, deux gouvernements sont actuellement en gestation.
Un émissaire de l’Union Africaine, l’ancien président sud-africain, Thabo Mbeki, a effectué une courte visite en Côte d’Ivoire hier dimanche pour tenter de trouver un terrain d’entente entre les deux camps rivaux. Dans un premier temps, M. Mbeki s’est entretenu avec le président sortant, Laurent Gbagbo. Une rencontre au cours de laquelle le médiateur sud-africain a transmis à son hôte un message de l’UA appelant au respect des résultats proclamés par la Commission électorale indépendante (CEI). Des résultats qui désignent Alassane Ouattara comme vainqueur du scrutin du 28 novembre avec 54,1% des voix, contre 45,9% pour Laurent Gbagbo. Ce à quoi le Conseil constitutionnel ivoirien s’est fermement opposé.
Durant la seconde partie de sa visite, Thabo Mbeki a rejoint Alassane Ouattara dans son quartier général à l’hôtel du Golfe, à Abidjan. A l’issue de la rencontre, le vainqueur contesté Ouattara a fait une brève déclaration à la presse. " Je demande à Monsieur Laurent Gbagbo de ne pas s’accrocher au pouvoir ", lance-t-il sans plus de détails.
Samedi 4 et dimanche 5 décembre, les affrontements entre les partisans des deux nouveaux présidents ont fait trois morts et de nombreux blessés.