Au Zimbabwe, l’armée a pris le contrôle du Parlement et de la télévision dans la nuit du 14 au 15 novembre à Harare. S’agit-il de la fin des 37 ans au pouvoir du président Robert Mugabe ?
L’armée zimbabwéenne a placé mercredi le président Robert Mugabe, 93 ans, en résidence surveillée et pris le contrôle de Harare. Malgré les apparences contraires, les militaires ont assuré que leur intervention n’était pas "un coup d’Etat contre le gouvernement".
Les événements de ces dix derniers jours laissent penser que le régime est en train de changer de mains. Mercredi au petit matin, un général en treillis s’adresse aux Zimbabwéens à la télévision nationale, assurant que le chef de l’État et sa famille sont "sains et saufs" et que leur sécurité est "garantie". Le général Sibusiso Moyo assure que l’armée est intervenue pour éliminer les "criminels" de l’entourage du président. "Nous voulons qu’il soit absolument clair que ceci n’est pas un coup d’État", dit-il.
Après cette irruption à la télévision, les rues d’Harare sont restées calmes. L’armée avait demandé aux Zimbabwéens de vaquer à leurs occupations comme si de rien n’était. Ses blindés sont positionnés devant le Parlement, la présidence et les bâtiments gouvernementaux ou le siège du parti au pouvoir, la Zanu-PF. Plusieurs ministres et hauts fonctionnaires auraient été arrêtés, dont Ignatius Chombo, ministre des Finances, Jonathan Moyo, ministre de l’Éducation supérieure, et Kudzai Chipanga, porte-parole des jeunesses du parti au pouvoir. Les personnalités visées semblent toutes faire partie du groupe G40, la faction de la Zanu-PF soutenue par Grace Mugabe, la première dame du pays.
Face à un coup d’État qui ne veut pas dire son nom, l’Afrique du Sud voisine a immédiatement réagi. Le président sud-africain, Jacob Zuma, s’est prononcé contre tout changement de régime qui serait "inconstitutionnel". Très "préoccupé" par la situation, il a dépêché deux envoyés spéciaux. Les ministres de la Défense et de la Sécurité d’État sont censés négocier un plan de sortie de crise. Par la voix de son président, le Guinéen Alpha Condé, l’Union africaine a dénoncé "ce qui apparaît comme un coup d’Etat", exigeant "immédiatement le rétablissement de l’ordre constitutionnel". Jacob Zuma a en outre dépêché, au nom de la SADC qu’il préside, deux de ses ministres à Harare.
L’Union européenne s’est dite préoccupée par la situation au Zimbabwe en appelant au "dialogue" en vue d’une "résolution pacifique". "Nous appelons toutes les parties concernées à passer de la confrontation au dialogue avec pour objectif une résolution pacifique", a déclaré la porte-parole Catherine Ray, lors d’un point presse de la Commission européenne. Londres, l’ancienne puissance coloniale, a, de son côté, demandé à ses ressortissants d’"éviter toute activité politique". "Nous observons les développements en cours très attentivement. La situation est encore très mouvante", a déclaré la Première ministre Theresa May devant les députés britanniques, avant d’appeler "toutes les parties à la retenue".