La banque mondiale invite Madagascar à prioriser l’adduction en eau potable des milieux urbains. Une question de survie. Moins de 50 % des citadins ont un accès à l’eau potable dans la grande île.
Madagascar s’est fixé comme objectif du millénaire (ODM) d’avoir un taux d’accès à l’eau potable d’au moins 65% et un taux d’assainissement de 57,5%. Difficile à atteindre malgré la création d’un ministère de l’Eau depuis quelques années. Car encore aujourd’hui les enfants dépenaillés d’Antananarivo transportent sur des carrioles de fortune des jerricanes d’eau sur des kilomètres pour la consommation du foyer, alors que d’autres vendent des fausses Rolex à 2 millions d’ariary (740€) à la sauvette. Traduction immédiate dans le secteur de l’éducation : 3,5 millions de journées d’école perdues.
L’eau : un problème majeur dans l’île rouge. Selon le quotidien La gazette de la Grande Ile, 14 000 enfants meurent chaque années de maladies diarrhéiques faute d’accès à l’eau potable et à l’assainissement. Pour Water Aid, 47% des foyers ont accès à l’eau potable et 42% à l’assainissement. D’autres chiffres, de la banque mondiale cette fois, annoncent que seuls 50% des citadins et 35% des ruraux ont un accès à l’eau potable.
Pourtant un budget de 42 millions de dollars a été alloué au secteur eau et assainissement pour 2010 selon le bureau de la banque mondiale installé à Madagascar. Pour le quotidien d’information Madagascar matin qui relate l’information "les intervenant de la séance de travail à la banque mondiale, ont affirmé que ces 42 millions de dollars dont environ 33 millions provenant de bailleurs de fonds, devraient être utilisés à bon escient".
Pourtant au moins 10 régions n’atteindront pas cet objectif du millénaire pour le développement axé sur la réduction de la pauvreté d’ici 2015. Les chiffres statistiques aujourd’hui sont terribles. Dans le secteur économique, ce sont 5,5 millions de journées de travail qui sont perdues tous les ans, à cause des maladies dues au manque d’eau potable et d’assainissement.
Et la situation est aggravée par des éléments extérieurs. Le taux de desserte notamment en milieu urbain ne cesse de régresser depuis 2000. La société nationale de distribution d’eau, Jirama y est pour quelque chose. La société a connu l’une de ses plus grandes crises durant cette période, qui correspond d’ailleurs à l’ouverture du secteur de l’électricité aux investisseurs privés Malgaches ou étrangers.
Pendant toutes ces années comme le souligne La Gazette de la Grande Ile, les bailleurs de fonds : "au lieu de redresser cette société avec des compétences locales, ont exigé le recrutement d’un cabinet d’expert et d’expatriés étrangers. Résultat désastreux sans parler des salaires royaux versés aux expatriés que les contribuables ont dû payer alors qu’ils devaient déjà endurer une augmentation de 150% des tarifs entre 2007 et 2008".