Les femmes qui voyagent en avion ne sont pas à l’abri des violences sexuelles. Les compagnies aériennes sont d’ailleurs incapables de protéger efficacement leurs clientes. L’une d’elles a décidé de briser le silence.
Quand elle décroche le poste de responsable des ventes dans une agence de voyages internationale, Dana T. est tout simplement aux anges. Convaincue d’avoir décroché le boulot de ses rêves, elle se donne à fond pour préparer sa formation au siège de l’entreprise, à Cologne, en Allemagne. Le 7 mai, date épique pour la jeune femme, elle embarque à l’aéroport de Newark, dans le New Jersey, dans le premier vol transatlantique. "J’avais l’impression d’être la personne la plus chanceuse au monde", se souvient la jeune femme. Dans le vol, Dana T. se trouve assise à côté d’un homme, sur le siège du milieu. "Il gigotait ses jambes, précise-t-elle sur le site d’informations Slate. Je me suis dit qu’il devait être nerveux."
Les faits virent au cauchemar quand au milieu d’un profond sommeil durant le vol, Dana ouvre un œil dans le coaltar et voit son voisin lui désigner son entrejambe en lui disant : "Viens t’allonger sur mes genoux" qu’il avait recouverts d’une couverture. "J’étais à moitié endormie et je ne voulais vraiment pas qu’on me dérange. Je lui ai juste lancé un regard noir et je lui ai baragouiné ’euh, non’. J’ai juste pensé que c’était un mec chelou", explique encore Dana. Plus tard, l’homme le réveille une nouvelle fois et la jeune femme le fusille du regard, ce qui semble le calmer. Une troisième fois, Dana est réveillée par une vive douleur. L’homme l’a pincé le sein gauche à travers son tee-shirt. Quand elle sursaute, l’agresseur sexuel marmonne de vagues excuses, mais la situation est intenable pour la jeune femme qui quitte immédiatement le siège et va prévenir les hôtesses.
"Je crois que cet homme me touche", dit Dana au staff aérien. L’hôtesse lui répond "Vous croyez qu’il vous touche ?". "Non, non", corrige Dana, "il m’a vraiment touchée". D’après le témoignage de la jeune femme, l’hôtesse lui conseille de se rasseoir, mais cette dernière refuse. L’un des stewards qui arboraient un badge de la compagnie aérienne Lufthansa, partenaire commercial d’United Airlines, disparaît alors à l’arrière de l’avion quelques minutes et revient tout souriant en déclarant fièrement : "c’est bon, je lui ai crié dessus". D’après le steward, l’agresseur sexuel faisait semblant de dormir et a ensuite supplié, "pardon, pardon, ne m’arrêtez pas, c’était un accident". L’homme avait donc reconnu son geste.
À partir de là, Dana refuse de retourner à sa place qui finalement trouve une autre place en classe affaires. Comme pour acheter son silence, l’équipage la couvre de cadeaux, "des trucs gratuits pour que je me calme. J’avais l’impression qu’ils me faisaient ’ah oui, mais quel connard, je vous ressers du vin ?’". Un steward allemand lui aurait également dit que ce genre de violences sexuelles "arrive que des gens bougent pendant leur sommeil" et que "les hommes indiens le font tout le temps". Une fois calmée, Dana rejoint l’équipage pour leur demander les mesures qu’il entend prendre contre son agresseur sexuel. "Ils ont regardé devant eux et m’ont tout simplement ignorée", affirme Dana.
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