Pendant des siècles, l’acte sexuel n’a eu d’autre but que la procréation. Exit donc la notion de plaisir. Un homme qui couchait avec sa femme signifiait, au bout de neuf mois, une bouche de plus à nourrir. L’acte sexuel et le plaisir qui l’accompagne sont évoqués de façon négative. Les gens de ces temps ont ainsi condamné la masturbation au même titre que l’homosexualité, les rapports bouche/sexe et la sodomie. Ces pratiques sexuelles offrent dans l’absolu du pur plaisir, sans la responsabilité pesante d’un enfant à élever.
Grâce à la révolution sexuelle des années 1960 et 1970, le plaisir a retrouvé sa juste place. Cette évolution est pourtant encore trop récente pour avoir changé les choses en profondeur. Beaucoup de français trouveraient, par exemple, choquant de se voir proposer d’aller dans un club d’échangiste par des amis. Certaines pratiques sexuelles comme la fellation, le cunnilingus ou la sodomie sont encore assez peu répandues dans les couples. L’homosexualité et la bisexualité continuent de choquer. La vision de corps nus ou l’exposition de sa propre nudité est gênante pour de nombreuses personnes…
Si tous s’accordent à dire que la sexualité est saine et légitime, il n’empêche que plus de 50% des pères de famille ne parlent pas de sexualité à leurs enfants. La sexualité tout court reste encore un sujet interdit, abordé de façon détournée sous forme de sous-entendus. D’où viennent donc ces multiples tabous entourant le corps et ses plaisirs ?
Autrefois, un enfant ou un adulte qui se masturbait était condamnable. D’ailleurs, pour le prouver, la société a inventé des conséquences graves pour celui qui s’y adonnait : cela rend fou, sourd ou même stérile. Aujourd’hui encore, des parents empêchent leurs enfants en bas âges de toucher leur sexe, même en privé. Il existe aussi une sensation de culpabilité chez beaucoup d’adolescent(e)s qui s’y livrent dans l’intimité. Que penseraient papa et maman ? Ai-je le droit ? Est-ce bien ou mauvais ? Tous, nous nous sommes au moins posé la question. Prouvant ainsi la trace d’une éducation visant à nier la sexualité.
Mais, refuser la nature n’a jamais servi qu’à exacerber le désir, faire augmenter les fantasmes et rendre les rapports difficiles entre hommes et femmes. Alors que la sexualité devrait être aussi naturelle que boire ou manger. Rejetez donc en bloc ces manipulations mentales et faites-vous plaisir comme vous le souhaitez et quand vous le voulez.
Le cunnilingus et la fellation sont les tabous sexuels après la masturbation. Pour la plupart, la seule façon normale de faire l’amour est celle qui correspond à procréer. C’est-à-dire que l’homme introduit son pénis dans le sexe d’une femme et qu’il jouisse en elle. En effet la norme dans la sexualité hétérosexuelle c’est la pénétration vaginale. Alors que la quasi-totalité des hommes et des femmes fantasment sur ces pratiques, le plus grand nombre doit se contenter de leur évocation. N’osant même pas en exprimer le souhait auprès de leur partenaire. Et si vous vous décidiez enfin à rompre la loi du silence sexuel ? Et si vous tentiez d’en convaincre votre partenaire par une démonstration des plus suaves ?
Puis vient la sodomie. D’ailleurs l’anus est l’interdit par excellence. Bien qu’il soit une réelle zone de plaisir, c’est aussi un lieu noir, obscur et écœurant. La sodomie fait partie de la sexualité homosexuelle. La pratiquer c’est presque devenir soi-même homosexuel. Nous l’acceptons, dans le meilleur des cas, pour les autres mais pas pour soi. Les couples hétérosexuels la pratiquent rarement. Dans certains pays musulmans où les rapports sexuels avant le mariage sont encore condamnés, certains jeunes hommes sodomisent les jeunes filles pour éviter la grossesse. Dans ce cas, c’est une pratique sexuelle de contrainte. Plusieurs d’entre nous seraient terrifiés de se voir proposer ce genre de pratique.
Mais si vous en avez envie, pourquoi ne pas tenter de l’exprimer ? De préférence dans le feu de l’action en prenant une pose ouverte et suggestive. Comment savoir ce que cela fait si vous n’essayez pas ?
Nos tabous sont en grande partie conditionnés par le poids de l’histoire et des religions. Néanmoins, à cela s’ajoutent l’éducation et les hasards des débuts de la vie amoureuse. A savoir, les premiers contacts sensuels se font avec la mère. Par ses caresses, ses baisers, l’allaitement, la toilette, l’habillement… Une maman active les zones érogènes de l’enfant et conditionne l’ouverture au plaisir du futur adulte. Si elle ne le fait pas suffisamment ou d’une façon négligente, le rapport au corps et à la sexualité pourra être difficile.
Des relations malheureuses à l’adolescence ou l’absence de relations influencent aussi les goûts et dégoûts de la sexualité. Tout comme certains abus sexuels pourront empêcher la sexualité épanouie des enfants ou des adolescents qui en sont victimes.
Malgré tout, les tabous sexuels sont parfois nécessaires pour éviter que la sexualité ne dérive à la débauche.