L’automesure est devenue une pratique courante pour mesure les efforts effectués ou réguler les excès. Les bracelets connectés révèlent des informations sur la quantité de calories absorbées ou encore la durée et la distance des performances réalisées.
Le mouvement dénommé Quantified Self, ou "mesure de soi" en français a vu le jour en Californie en 2007 et rendu célèbre par Gary Wolf et Kevin Kelly, journalistes au magazine Wired.
"Connais-toi toi-même par les chiffres"
Avec comme devise "connais-toi toi-même par les chiffres", le mouvement Quantified Self consiste à pratiquer l’automesure. Les outils utilisés sont des capteurs embarqués dans des montres, des bracelets, des brassards, des pèse-personnes, des ceintures, et autres vêtements pouvant enregistrer la moindre calorie brûlée ou le moindre pas effectué. Plus encore, il donne des informations sur la tension artérielle, le rythme cardiaque, le taux de glucose dans le sang ainsi que les cycles de sommeil.
Plus de chances de parvenir à ses objectifs
Aujourd’hui, 23% des Français aurait au moins un objet connecté et 64% d’entre eux sont en rapport avec le fitness. Outre-Atlantique, un Américain sur deux a été séduit par l’automesure. "Grâce au Quantified Self, vous passez un contrat avec vous-même et confiez à un logiciel le soin d’en vérifier le bon déroulement", a expliqué le fondateur de Quantified Self Paris, Emmanuel Gadenne sur les propos relayés par Le Monde ce vendredi. Une personne qui veut maigrir a deux fois plus de chances de réaliser ses objectifs si elle enregistre ce qu’elle mange, a-t-il précisé dans son Guide pratique du Quantified Self (FYP éditions, 2012). De son côté, Franck Poirier, qui enseigne l’interaction homme-machine à l’université de Bretagne-Sud a désigné l’automesure comme des interactions persuasives engageant la personne à "relever des défis", "se lancer dans la compétition" et "changer de comportement". C’est comme si l’automesure était une sorte de jeu dont l’individu est le propre héros.
Les risques liés à l’automesure
Toutefois, l’automesure peut parfois conduire à la dépendance. Vanessa Lalo, psychologue clinicienne spécialiste des usages numériques a souligné au Monde que le risque est de finir "par remplacer certaines addictions, à la cigarette ou à la nourriture, par la compulsion à l’outil, un fétiche qu’on exhibe pour se rassurer". Emmanuel Gadenne prévient notamment contre les usages abusifs et les éventuels détournements qui pourraient en être faits. Antoinette Rouvroy, chercheur en philosophie du droit membre du comité de la prospective de la Commission nationale de l’informatique et des libertés, quant à elle, met l’accent sur le risque de tomber dans une forme de "normopathie" ou la maladie de la norme. En ce qui concerne les différents risques liés à l’automesure, la Commission nationale de l’informatique et des libertés a partagé ses préconisations sur esante.gouv.fr.