Un siècle après sa mort, le culte de Sitarane est encore bien vivant. Ce personnage ancré dans le culture locale continue de fasciner et d’effrayer. Sur la tombe du sorcier située dans le cimetière de Saint-Pierre, nuit et jour, des offrandes et des prières sont faites en l’honneur du sorcier originaire du Mozambique.
Au coeur de la nuit monte un chant. Cette complainte prononcée sur un ton monocorde s’adresse au sorcier Sitarane. Autour de la tombe du sorcier, de nombreuses offrandes, bouteilles de rhum, cigarettes, pour s’attirer les grâces du sorcier disparu ou invoquer son puissant pouvoir contre les ennemis.
Au fil des années et à travers les générations, la tombe de l’affranchi guillotiné est devenue un lieu de culte et les gestes des pratiques occultes se répètent et se transmettent. Jusqu’en 1909, le trio formé de Sitarane, Saint-Ange et Fontaine terrorise l’île. Les cambriolages au mode opératoire qui reste mystérieux et les crimes sanglants suscite à l’époque une véritable psychose. 100 ans après sa mort, Sitarane fascine et effraye encore.
Amouni, le gardien de sa tombe, s’adresse tous les jours à l’âme du sorcier. Son statut particulier lui permet d’entrer en contact avec l’invisible. Il connait par coeur toute l’histoire et la légende de Sitarane et est le premier témoin des cultes dont il fait l’objet. Il y fait parfois des découvertes étranges comme des photos piquées d’aiguilles ou des poulets sacrifiés. Derrière chaque foulard accroché à la croix : une intention bonne ou mauvaise. Chaque bougie et chaque bouquet est un remerciement à un voeu exaucé. Le culte de Sitarane n’a pas de règles établies, chacun a ses habitudes et à la lumière du jour, il ne reste que quelques vestiges de cette activité nocturne.
Ce soir, après le journal télévisé, le documentaire-fiction « Sitarane, le valet de pique », réalisé par William Caly sera diffusé sur Antenne Réunion, à l’occasion du centenaire de la mort de Sitarane.