30 % des jeunes Réunionnais de 13 à 15 ans ont déjà expérimenté le cannabis. Faut-il lancer des salles de shoot, alors que la consommation de cocaïne et le crack, sont en augmentation dans notre île ? Jean-François Guignard, directeur de la Kaz’Oté, lance un appel pour le traitement des polys toxicomanie dans notre île.
L’ouverture des salles de shoot permet-elle à l’État d’organiser méthodiquement la consommation de stupéfiants ?
Moi, je vois d’abord l’intérêt pour la santé publique. Sept pays ont tenté cette expérience, et les résultats en terme de santé publique sont très intéressants. Personne ne rêve d’aller dans une salle de ce genre, pour se shooter dans des conditions d’hygiène correctes. De même que les jeunes ne planent pas à cette idée, et que ce genre de salles n’incite pas à consommer des drogues par injection intraveineuse. De plus à la Réunion, il n’est pas dans notre culture de “se faire des trous” comme on dit, c’est-à-dire dire de s’injecter des produits stupéfiants. Ici, c’est plutôt la poly toxicomanie qui pose un problème.
Comment ça fonctionne une salle de shoot ?
Vous trouvez dans ce genre d’endroit, que je préfère nommer salle d’injection à moindre risque, du personnel médical qualifié qui accueille le toxicomane. Nous ne vendons aucun produit illicite. Le toxicomane amène sa drogue, peut la faire tester pour connaître son degré de pureté, et bénéficie de conseils pour shooter propre et correctement afin d’éviter des problèmes.
Pourquoi ces salles de shoot font-elles peur ?
Je crois que nous avons un gros problème en France vis-à-vis de tout cela. Nous nous trainons en queue de peloton au niveau européen. Chaque avancée en matière de santé publique se réalise dans la douleur. Regardez la loi Barzach, sous le gouvernement de cohabitation Chirac. Cette ministre de la santé a perdu son poste parce que le 13 mai 1987, elle signe un décret qui autorise la vente libre de seringues en pharmacie. Mesure qui permettra une limitation de la contamination des toxicomanes par différents virus, notamment le VIH et le VHC, et signera le début d’une politique de réduction des risques en cette matière, en opposition à la loi de 1970 sur les drogues.
Une salle de shoot à la Réunion, c’est envisageable ?
Ce n’est pas dans la culture créole de se faire des trous, comme je l’ai dit tout à l’heure. Nous avons 400 kits d’injection qui sortent de la kaz’Oté par an, et qui correspondent à un besoin. Mais, je ne crois pas que cela suffise à faire une salle de shoot dans notre île. Il y a d’autres équipements en matière de lutte contre les addictions qui me semblent beaucoup plus prioritaires notamment tout ce qui est lié à la poly toxicomanie.
La grande précocité des consommations nous inquiète beaucoup plus, avec malheureusement les polys consommation de médicaments, détournés de leur usage thérapeutique, tel que le rohypnol et l’artane, qui est l’ecstasy des pauvres, potentialisés avec de l’alcool. Il convient donc de faire quelque chose d’adapté aux toxicomanes réunionnais.
Les politiques manquent-ils de courage dans ce dossier ?
Oui, et ça ne date pas d’aujourd’hui. Je rappelle que la loi de 1970 considère l’usager de drogues, comme un individu à la fois malade et délinquant. Délinquant puisqu’elle incrimine spécifiquement l’usage solitaire, et prévoit une peine d’emprisonnement ferme. Malade puisqu’elle prévoit une exemption de poursuites pénales pour les toxicomanes usagers "simples" qui acceptent de se soumettre à une cure de désintoxication. Cette loi a été votée un 31 décembre 1970, donc il y a plus de 42 ans maintenant. Depuis, des gouvernements de droite comme de gauche ont demandé des rapports à des professeurs de médecine émérites, et qui ont tous conclu à l’évolution de cette loi qui est non adaptée aujourd’hui. Et ces rapports ont été courageusement enterrés. Tout le monde en parle pendant les campagnes électorales et dès qu’un ministre souhaite un débat sur ce sujet, la levée de boucliers à droite comme à gauche s’organise. C’est lamentable.
Et au niveau local ?
On peut dire localement que nous sommes entendus par les hommes politiques en ce qui concerne la prévention. Mais le problème, c’est que cette prévention n’est réalisée que par des contrats précaires. Or les programmes de prévention pour être efficient doivent s’installer dans la durée. Nous formons donc des gens, qui deviennent compétents et motivés, etnous les remercions alors que l’œuvre de prévention devrait continuer avec eux.
Les problèmes de société passent-ils avant les problèmes de drogue dans la société ?
Je crois qu’on ne peut pas distinguer les deux. Moi je vois qu’il y a plus de gens à la Kaz’Oté en période de crise, avec une file active qui augmente. Il y a une relation à faire, je pense, entre la crise et le nombre de toxicomanes. Mais je crois aussi que nous vivons dans une société ou nous voulons tout, tout de suite, dans laquelle on ne veut pas souffrir, ou l’on veut beaucoup de plaisir, ou pour exister il ne faut plus être consommateur, mais surconsommateur. Tout ce contexte favorable aux addictions, vient s’aggraver avec la crise.
Moi, je vois d’abord l’intérêt pour la santé publique. Sept pays ont tenté cette expérience, et les résultats en terme de santé publique sont très intéressants. Personne ne rêve d’aller dans une salle de ce genre, pour se shooter dans des conditions d’hygiène correctes. De même que les jeunes ne planent pas à cette idée, et que ce genre de salles n’incite pas à consommer des drogues par injection intraveineuse. De plus à la Réunion, il n’est pas dans notre culture de “se faire des trous” comme on dit, c’est-à-dire dire de s’injecter des produits stupéfiants. Ici, c’est plutôt la poly toxicomanie qui pose un problème.
Comment ça fonctionne une salle de shoot ?
Vous trouvez dans ce genre d’endroit, que je préfère nommer salle d’injection à moindre risque, du personnel médical qualifié qui accueille le toxicomane. Nous ne vendons aucun produit illicite. Le toxicomane amène sa drogue, peut la faire tester pour connaître son degré de pureté, et bénéficie de conseils pour shooter propre et correctement afin d’éviter des problèmes.
Pourquoi ces salles de shoot font-elles peur ?
Je crois que nous avons un gros problème en France vis-à-vis de tout cela. Nous nous trainons en queue de peloton au niveau européen. Chaque avancée en matière de santé publique se réalise dans la douleur. Regardez la loi Barzach, sous le gouvernement de cohabitation Chirac. Cette ministre de la santé a perdu son poste parce que le 13 mai 1987, elle signe un décret qui autorise la vente libre de seringues en pharmacie. Mesure qui permettra une limitation de la contamination des toxicomanes par différents virus, notamment le VIH et le VHC, et signera le début d’une politique de réduction des risques en cette matière, en opposition à la loi de 1970 sur les drogues.
Une salle de shoot à la Réunion, c’est envisageable ?
Ce n’est pas dans la culture créole de se faire des trous, comme je l’ai dit tout à l’heure. Nous avons 400 kits d’injection qui sortent de la kaz’Oté par an, et qui correspondent à un besoin. Mais, je ne crois pas que cela suffise à faire une salle de shoot dans notre île. Il y a d’autres équipements en matière de lutte contre les addictions qui me semblent beaucoup plus prioritaires notamment tout ce qui est lié à la poly toxicomanie.
La grande précocité des consommations nous inquiète beaucoup plus, avec malheureusement les polys consommation de médicaments, détournés de leur usage thérapeutique, tel que le rohypnol et l’artane, qui est l’ecstasy des pauvres, potentialisés avec de l’alcool. Il convient donc de faire quelque chose d’adapté aux toxicomanes réunionnais.
Les politiques manquent-ils de courage dans ce dossier ?
Oui, et ça ne date pas d’aujourd’hui. Je rappelle que la loi de 1970 considère l’usager de drogues, comme un individu à la fois malade et délinquant. Délinquant puisqu’elle incrimine spécifiquement l’usage solitaire, et prévoit une peine d’emprisonnement ferme. Malade puisqu’elle prévoit une exemption de poursuites pénales pour les toxicomanes usagers "simples" qui acceptent de se soumettre à une cure de désintoxication. Cette loi a été votée un 31 décembre 1970, donc il y a plus de 42 ans maintenant. Depuis, des gouvernements de droite comme de gauche ont demandé des rapports à des professeurs de médecine émérites, et qui ont tous conclu à l’évolution de cette loi qui est non adaptée aujourd’hui. Et ces rapports ont été courageusement enterrés. Tout le monde en parle pendant les campagnes électorales et dès qu’un ministre souhaite un débat sur ce sujet, la levée de boucliers à droite comme à gauche s’organise. C’est lamentable.
Et au niveau local ?
On peut dire localement que nous sommes entendus par les hommes politiques en ce qui concerne la prévention. Mais le problème, c’est que cette prévention n’est réalisée que par des contrats précaires. Or les programmes de prévention pour être efficient doivent s’installer dans la durée. Nous formons donc des gens, qui deviennent compétents et motivés, etnous les remercions alors que l’œuvre de prévention devrait continuer avec eux.
Les problèmes de société passent-ils avant les problèmes de drogue dans la société ?
Je crois qu’on ne peut pas distinguer les deux. Moi je vois qu’il y a plus de gens à la Kaz’Oté en période de crise, avec une file active qui augmente. Il y a une relation à faire, je pense, entre la crise et le nombre de toxicomanes. Mais je crois aussi que nous vivons dans une société ou nous voulons tout, tout de suite, dans laquelle on ne veut pas souffrir, ou l’on veut beaucoup de plaisir, ou pour exister il ne faut plus être consommateur, mais surconsommateur. Tout ce contexte favorable aux addictions, vient s’aggraver avec la crise.
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