La mise en place du Revenu de Solidarité Active (RSA) à la Réunion a été synonyme de grands bouleversements pour nombre de Réunionnais. Au travers de cette nouvelle mesure qui cristallise tous les espoirs, l’Etat et les acteurs sociaux espèrent porter un grand coup au chômage, en constante augmentation depuis le dernier trimestre.
Avec l’entrée en vigueur du RSA le 1er janvier dernier, un certain flou s’est installé au sein de la population. Pour que les habitants comprennent mieux les mécanismes de ce nouveau dispositif, de nombreux points d’information - dix au total - ont ouvert leurs portes dans l’île.
Ainsi, depuis l’application du Revenu de Solidarité Active à la Réunion, ils sont des dizaines d’allocataires à se rendre chaque jour dans les points d’accueil, en quête d’informations. Au bureau du Chaudron, les équipes voient défiler en moyenne soixante personnes par jour. Mais contre toute attente, les antennes ne sont pas surchargées. L’Etat a su anticiper la réaction des Réunionnais.
90 000 Réunionnais pourront bénéficier du RSA. Ce dispositif soulève plusieurs interrogations au sein de la population. En l’espace d’un mois à peine, les dix guichets ouverts sur l’ensemble du département ont fixé 3000 rendez-vous. Cette mesure présente une nouveauté puisque dorénavant, les jeunes âgés de moins de 25 ans et titulaires de deux ans d’expérience pourront disposer de ces minima sociaux.
Le RSA concerne en premier lieu les bénéficiaires du RMI et de l’API. Pour ces quelque 78 500 allocataires, le paiement a été réalisé automatiquement. Si le passage au RSA s’est fait sans problème pour la plupart des Réunionnais bénéficiaires, certains allocataires accusent des retards importants dans le traitement de leur dossier.
Ces retards seraient dus à des changements de situation. Environ 2000 dossiers sont en attente sur les 5600 traités à la mi-février. Là où les services chargés du basculement du RSA peinent, c’est au niveau des éventuels bénéficiaires. Ces personnes susceptibles de percevoir le Revenu de Solidarité Active sont en effet estimées à 30 000.
Avec le RSA, l’Etat et les acteurs sociaux sont confrontés à une autre problématique : celle de l’insertion. L’ADI (Agence Départementale d’Insertion), le Conseil Général et le Pôle Emploi ont reçu jusqu’à aujourd’hui plus d’un millier de dossiers de la Caisse d’Allocations Familiales.
Au regard de la conjoncture économique actuelle, nombreux sont ceux qui s’interrogent sur l’effet réel de cette mesure. Une baisse drastique du nombre de chômeurs sera-t-elle observée du fait de l’application de ce dispositif ? Difficile de l’affirmer aujourd’hui. Les associations qui accompagnent au quotidien les allocataires se demandent par ailleurs si le RSA pourra accroître les chances de réussite, en particulier celles des jeunes de moins de 25 ans qui peuvent désormais prétendre à cette aide. Ce que redoutent surtout les partenaires sociaux, c’est que le RSA accentue la précarité.
A ce sujet, Matignon déclarait en 2009 : "L’objectif du RSA est de permettre à 100 000 rmistes de trouver un emploi dans les 18 premiers mois, et à terme à 1.5 million de personnes de passer au-dessus du seuil de pauvreté."
Lors de sa visite dans notre département, la Ministre des solidarités et de la cohésion sociale est revenue sur l’ensemble des dossiers sociaux majeurs, qui concernent la Réunion. Concernant le dispositif du RSA, Roselyne Bachelot-Narquin a déclaré que ce dispositif " intéressera de nouveaux bénéficiaires, dans une démarche d’insertion qui est extrêmement puissante".
La Ministre a en outre insisté sur la mise en avant de parcours personnalisés, et du recours à des référents pour accompagner les Réunionnais dans leurs démarches d’insertion.