L’Organisation Non Gouvernementale (ONG) Sea Shepherd qui a installé une antenne à la Réunion récemment a présenté dans un document ses propositions pour contrer le risque requin. Deux éditoriaux de la présidente Lamya Essemlali sur les surfeurs, ainsi que sur les écologistes réunionnais, avaient déclenché les foudres de la communauté des surfeurs de la Réunion.
Considérant que le rapport entre les Réunionnais et les requins a brutalement changé en 2011, l’Organisation dédiée à la préservation de l’environnement marin à travers le monde, qui vient d’instaurer une antenne à la Réunion, a décidé d’émettre plusieurs propositions pour contrer le risque requin, "afin de donner du sens sur ce qui est arrivé".
Evoquant les différentes attaques survenues sur les côtes réunionnaises, l’organisation souligne "l’absence complète de données tangibles réalisées par des études scientifiques rigoureuses, il est impossible d’infirmer ou bien de confirmer avec certitude ce que les faits semblent montrer, soit une fréquentation plus marquée de la côte ouest réunionnaise par certains squales."
Estimant que les requins bouledogues et tigres ont depuis toujours peuplé les eaux réunionnaises et que les Réunionnais avaient l’habitude d’éviter certains secteurs., l’organisation note un changement à partir des années 60 avec "la dégradation des écosystèmes marins dans le monde".
Selon Sea Shepherd Réunion, un développement économique, agricole et urbain mal contrôlés serait à l’origine de cette dégradation, qui a coïncidé avec le développement exponentiel des activités nautiques notamment le surf. Une période suivie par une prise de conscience du danger de l’environnement et de la création du Parc Marin Réunion, puis de la Réserve Marine. "Aujourd’hui la diminution de cette pression anthropique a permis aux espaces marins concernés de retrouver une certaine tranquillité originelle. Ceci peut être une explication de la re-fréquentation de ces espaces côtiers par les requins.", avance l’Organisation.
Impossible selon l’Organisation d’expliquer la recrudescence de la population de requins uniquement par la ferme aquacole de Saint-Paul, même si "en effet, les requins sont attirés par les poissons en frénésies alimentaires dans les filets-cages des bassins d’aquacultures. Ils s’approchent de ces filets, mais ne peuvent pas se nourrir ; ils vont roder autour malgré la faim et quand la faim devient trop importante ils vont roder ailleurs."
Sea Shepherd considère donc qu’il est urgent de "changer la perception de la réalité du risque requin car il est bien réel sur nos côtes". Dans cette optique, l’Organisation émet donc plusieurs mesures. La règlementation à l’accès de ces zones "à risque", la mise en place d’un vrai projet de sécurisation et de surveillance des plages sont nécessaires. "Le public pratiquant des activités nautiques doit être correctement informé sur la présence des requins et les habitudes liées à leur comportement alimentaire ; et ainsi pouvoir prendre des décisions éclairées quand ils décident de pratiquer leur activité.", estime l’ONG.
Refusant avec force que les animaux soient éliminés "pour des raisons faussement sécuritaires", Sea Shepherd se positionne clairement contre l’installation de filets anti-requin et des drum-lines, s’appuyant sur le retour sur expérience de ces filets en Australie "prouvant leur inefficacité, car 61% des attaques ont eu lieu là-bas". L’ONG s’oppose farouchement aux "prélèvements" considérés comme "des battues organisées", mais soutient en revanche les études scientifiques menées par l’IRD et les plongeurs. Considérant que la zone de baignade délimitée instaurée à Roches Noires est l’une des solutions, l’ONG prône son étendue à la plage de Boucan. Mais les autorités avaient jugé que le relief sous-marin de Boucan ne permettait pas de mettre ces filets.
Pour conclure, Sea Shepherd Réunion juge que "la cohabitation entre les hommes et les requins est possible à condition que tous les moyens soient mis en place pour informer, sensibiliser et protéger les citoyens réunionnais au sujet du requin."