L’attaque de requin dont a été victime un jeune touriste marseillais ce samedi 19 février à Grand Fond, a ravivé une nouvelle fois le débat autour de la prise de risques des surfeurs et des règles de sécurité à observer dans l’eau. 31 attaques de squales ont été enregistrées depuis 1980. Durant ces deux dernières décennies, les mentalités ont cependant évolué : nous sommes en effet passés du requin tueur vu comme un terrible ennemi, au requin protégé, même par ses victimes.
L’incident qui s’est produit ce samedi sur le site des Trois Roches à Saint-Gilles a suscité l’émoi au sein de la population réunionnaise. Depuis 1980, les membres de l’Observatoire Marin de la Réunion ont pu enregistrer treize décès suite à des attaques de requins.
Si les squales ont longtemps été diabolisés, force est de constater que les mentalités ont changé et que désormais, ce sont les comportements des baigneurs qui sont pointés du doigt lorsqu’une attaque survient.
La dernière victime à la Réunion, autrement dit ce père de famille marseillais en vacances dans l’île depuis peu, a eu la jambe gauche amputée mais ses jours ne sont pas en danger. L’infirmier de 32 ans, tout juste arrivé de métropole, s’était aventuré dans les eaux troubles du spot des Trois Roches, après 18 heures.
Ce énième fait divers a alimenté les échanges autour des requins et des attitudes adoptées par l’homme en mer. Invité de l’émission Questions d’Actu présentée par Laurence Françoise, Alain Curco Llovera, victime lui aussi d’une attaque de requin en 1991 sur le spot de la Ravine des Sables, entre l’Etang Salé et Saint Leu, a livré son témoignage.
Comme de nombreuses autres surfeurs blessés par un requin, Alain Curco Llovera refuse de condamner l’animal, rappelant que "le prédateur se trouve dans son milieu naturel" et qu’il revient aux baigneurs de mesurer les risques qu’ils prennent en se mettant à l’eau.
Les médecins Fanch Landron et Gery Van Gredelynghe, à qui l’on doit l’association Squal’idées, sont également intervenus sur le plateau de Questions d’Actu ce dimanche. Ces deux professionnels passionnés par les requins se sont penchés sur "la problématique de l’interaction entre l’homme et le requin" et ont tenté de développer une réflexion autour de la bonne conduite à tenir sur les spots de l’île.
Au travers de leur association, les deux praticiens entendent " mettre en place des programmes de recherche sur les sélaciens et en particulier les requins, d’étudier les interactions entre l’homme et le requin afin de permettre une meilleure gestion des risques et l’élaboration de perspectives de prévention et de développer des missions de communication et d’information sur les données les plus récentes". Il existe en effet plus de 400 espèces de requins mais seulement une trentaine sont dangereuses pour l’homme. Parmi ces espèces considérées comme "dangereuses" figurent le requin-tigre, le requin bouledogue et le requin à pointe blanche. L’information et la prévention des risques constituent un véritable enjeu.
Sur la trentaine d’attaques survenues ces vingt dernières années, treize d’entre elles étaient mortelles. L’appel de la mer fait souvent oublier aux adeptes de sports de glisse les mesures de précaution, d’où la nécessité de rappeler constamment les consignes de sécurité (ne pas se baigner après les fortes pluies, éviter de se mettre à l’eau avant et après le coucher du soleil). Si les squales effraient, ils suscitent également l’admiration au sein de la population qui n’hésite pas à le défendre lorsque la vie et la liberté du prédateur sont menacées. Ainsi, la pêche d’un requin par une jeune adolescente il y a quelques mois et la capture d’un requin guitare, avaient provoqué, on s’en rappelle, un tollé général à la Réunion.