Sur Antenne Réunion radio, le docteur Christine Visnelda Douzain est revenue sur la captivité et la liberté de l’ingénieur Francis Collomp, détenu durant presque une année par des membres du groupe islamiste Ansaru.
La psychiatre et responsable de la consultation psychotraumatique Christine Visnelda Douzain apporte son éclairage après l’évasion spectaculaire de Francis Collomp - l’ingénieur français enlevé au Nigéria en décembre 2012 - qui est parvenu à échapper à ses ravisseurs.
Comment se sent-on après avoir été pris en otage et après avoir vécu onze mois de privation ?
Le docteur Christine Visnelda Douzain : c’est extrêmement variable mais les premiers sentiments sont du côté de la joie, surtout que ce genre de libération est fortement porté par les médias. La difficulté vient dans les semaines et les mois qui suivent, quand le quotidien envahit la vie et que cesse cette période exaltante.
Sur le plan psychotraumatique, y-a-t-il une différence entre une telle expérience et une agression ou un accident ?
Le docteur Christine Visnelda Douzain : La différence majeur, c’est qu’au delà du traumatisme que peut générer une agression ou un accident, les phénomènes vont se "surajouter" en termes de torture, de privations, de privation des repères, de liberté. La torture n’est pas seulement physique. Elle peut aussi se traduire par l’enfermement dans un espace confiné sans savoir ce qui va venir, ce qu’il va se passer, en pouvant craindre la mort à chaque instant.
Comment trouver la force de résister aussi longtemps ?
Le docteur Christine Visnelda Douzain : Cela dépend de chaque individu, de son passé et de ses expériences, des ressources aussi que l’otage va pouvoir puiser au fond de lui. En ce qui concerne Francis Collomp, visiblement cet homme avait une force qui lui permettait de s’inventer un projet. Le fait d’avoir un objet défini qui maintient, c’est important. Pour un otage, le fait d’avoir un objectif permet de tenir.
Dans la vidéo jointe, l’éclairage du Docteur Christine Visnelda Douzain. Invitée d’Antenne Réunion radio, la psychiatre a décrit les différentes phases dans la vie d’une personne victime d’une prise d’otage.