Que ce soit les appareils venant de la Réunion ou gravitant uniquement en Europe, tous les avions qui peuvent croiser un nuage de cendres risquent "l’extinction de leur moteur" au pire, une abrasion rapide de leurs réacteurs.
La perte de visibilité n’est pas vraiment en cause (les instruments permettent aujourd’hui de naviguer à l’aveugle). Le problème est lié à la composition du nuage. Le mélange de cendres, de particules basaltiques et de vapeur d’eau est très abrasif. Un peu comme si on frottait l’avion avec du papier de verre.
Mais le plus dangereux, c’est la vitrification du réacteur. Au contact de ce dernier, les particules, chauffées à 900°C fondent puis refroidissent, laissant une pâte vitrifiée sur les ailettes. Cette pâte bloque l’arrivée d’air et provoque l’arrêt des réacteurs.
C’est ce qui est arrivé à un avion de la British Airways en 1982, au dessus de l’Indonésie, à cause de l’éruption du volcan Galungung. Après une chute de 13 minutes, l’avion a réussi a se débarrasser de la « pâte » et a pu redémarrer ses réacteurs.
L’éruption actuellement en cours du Eyjafjallajökull en Islande provoque la diffusion dans l’atmosphère d’énormes nuages de cendres volcaniques. Cette pollution se déplace vers l’Europe continentale.
Les jet-streams, ces vents forts d’ouest qui soufflent en haute altitude presque à longueur d’année, poussent en effet ces nuages de cendres. Conséquence, le trafic aérien est sérieusement perturbé . Les réacteurs ne sont pas prévus pour absorber ces cendres. Outre l’usure des composants (la silice contenue dans les cendres est très dure), il y a surtout un risque d’extinction de la combustion du carburant et d’arrêt du moteur.
Ainsi, le 15 décembre 1989, le Boeing 747 du vol KLM 867 traversa le panache de cendres volcaniques du mont Redoubt alors qu’il se trouvait en approche d’Anchorage en Alaska. Les réacteurs de l’avion ingérèrent de grandes quantités de cendres et cessèrent rapidement de fonctionner. Finalement, au bout de cinq longues minutes et après avoir perdu 4.000 mètres d’altitude, au-dessus des montagnes de Talkeetna, les moteurs repartirent et l’avion se posa normalement. Mais les quatre réacteurs ont dû être changés, ce qui coûta 80 millions de dollars.
L’éruption islandaise récente a généré l’édition d’un Notam (Note to Airmen), un avertissement diffusé aux pilotes du monde entier, qui indique clairement les zones dangereuses et les secteurs interdits. Une grande partie de l’espace aérien européen était fermé jeudi . Certains vols long-courriers vers l’Amérique du Nord étaient également perturbés par des retards causés par l’obligation de contourner la zone de nuages volcaniques. Certains vols ont même été annulés entre la Grande-Bretagne et les États-Unis.