Convoqués à la barre du tribunal correctionnel de Saint Denis en tant que prévenus : la CCIR (Chambre de Commerce et de l’Industrie de la Réunion) et la Cise (société de gestion des eaux) sont poursuivies pour la pollution de la Rivière des Pluies. Depuis 1995, la justice s’attaque aux eaux usées déversées à l’embouchure de la Rivière des Pluies par l’aéroport Gillot.
Le procès affilié à la pollution de la Rivière des Pluies aura duré trois heures au tribunal correctionnel de Saint Denis. Sur le banc des accusés : la Cise (société de gestion des eaux) et la CCIR (Chambre de Commerce et de l’Industrie de la Réunion).
La pollution de la Rivière des Pluies par le déversement des résidus des toilettes de l’aéroport et des avions ne date pas d’hier puisque les premiers faits relevés datent de 1995.
Le produit nettoyant utilisé dans les avions et l’aéroport - le "Blue lagoon water"- est au coeur de cette affaire.
Ce détergeant hautement chimique a provoqué des démangeaisons et éruptions cutanées chez les pêcheurs de bichiques et l’amoindrissement de la production est également pointé du doigt.
Pour plus de précision, les déchets des toilettes des avions (matières fécales et produits chimiques tels que le blue lagoon water), de l’aérogare et de la base aérienne de Gillot - se déversent d’abord dans une station de traitement vétuste - construite en 1973 - qui n’a pas su traiter ces eaux usées, par la suite rejetées à l’embouchure de la Rivière des Pluies.
A noter : en 2004, la CCIR a déjà été condamnée à une amende de 30 000 euros - dont 15 000 euros avec sursis - pour "déversement par personne morale de substances nuisibles dans les eaux souterraines, superficielles ou dans la mer", à savoir celles de la Rivière des Pluies.
Aujourd’hui, la CCIR et la Cise se sont défendues de toute responsabilité. Le procès du jour s’articule autour de nouveaux faits de pollution en date d’octobre 2007 et juin 2008.
En tant que partie civile, la Srepen (Société Réunionnaise de Protection de l’Environnement) et les associations de pêcheurs attendent que justice soit faite suite au "déversement de l’eau bleue et chimique dans la Rivière des Pluies".
En juin 2008, ce sont les agents de la Brigade Nature de l’Océan Indien qui ont spécifié que la petite station de traitement de la base aérienne 181 ne fonctionnait pas normalement. Au final, les eaux usées pompées dans les installations de l’aérogare mais aussi celles provenant des avions et de leurs toilettes étaient refoulées dans le système d’évacuation des eaux de pluie et donc, de nouveau déversées dans la Rivière des Pluies.
Les réquisitions "sévères" de l’aveu du ministère public accusent la CCIR et la Cise de faire fi de l’environnement au nom de préoccupations économiques.
Le procureur a donc requis "25 000 euros d’amende à l’encontre de la Cise et 70 000 euros à l’encontre de la CCIR". De plus, la CCIR pourrait devoir régler les 15 000 euros d’amende de sursis qui datent de la première peine, en 2004.
Pour sa défense, la CCIR rejette la responsabilité sur l’Etat et se défend de ne "jamais avoir eu la délégation de cette station de traitement". "Nous ne sommes qu’un simple usager" argumente l’avocat de la Chambre de Commerce et de l’Industrie de la Réunion.
La Cise qui a signé un contrat d’assistance technique avec la CCIR en 1983 - avec obligation de conseil pour la station d’épuration de l’aéroport - se défausse et soulignant qu’ils ont toujours prévenu la CCIR des dysfonctionnements existants depuis des années.