La mairie de Saint-Leu a autorisé la pêche de requins bouledogues dans la réserve marine dans les limites de sa commune. Une décision qui fait couler beaucoup d’encre et suscite la polémique.
Le maire de Saint-Leu Thierry Robert a pris un arrêté municipal autorisant la chasse aux requins bouledogues sur le territoire maritime de sa commune, à une distance de 300 mètres du rivage, un périmètre qui englobe la réserve naturelle marine (cf. Linfo.re : Saint-Leu ouvre la chasse aux requins bouledogues). La mairie propose également de racheter les requins bouledogues pêchés de plus de 1m50 à deux euros le kilo.
Thierry Robert explique cette décision pour répondre à l’urgence de la situation, "la chasse est ouverte parce que nous avons considéré qu’il y avait un véritable danger. Nous proposons à tous ceux qui aujourd’hui seraient en mesure de pêcher des requins, de leur racheter ces requins, afin d’essayer de lutter conter ces attaques répétitives". Ces requins seront ensuite être remis aux scientifiques pour étudier les squales, précise le maire de Saint-Leu.
Il propose également de revoir le périmètre de la réserve marine, "la première chose qui serait peut-être indispensable, c’est de pouvoir rentrer dans une vraie concertation par rapport à la réserve marine pour revoir le périmètre. Je pense que ça c’est la décision n°1 et après autoriser la pêche de requins dans les zones de chaque maire du territoire Ouest. C’est à eux de prendre la décision. Pour ma part, j’assume cette décision totalement même si ça peut pour certains les réjouir, d’autres les vexer. On ne peut pas aujourd’hui rester les bras croisés". Il a par ailleurs demandé aux autres maires des communes des Avirons, Saint-Paul, Trois-Bassins et l’Etang-Salé, leur soutien pour faire modifier les périmètres de la réserve marine.
La décision de Thierry Robert a lancé le débat sur la chasse aux requins. L’association Prévention Requin Réunion (PRR) salue cette prise de position et note une "première avancée" dans la gestion du risque requin à La Réunion. Serge Leplège, porte-parole de PRR, estime qu"enfin un politique se mouille pour protéger la population, il y a quand même eu trois morts, vous ne pensez pas que c’est assez". Il souligne par ailleurs "l’immobilisme" des pouvoirs publics, même s’il reconnaît que la préfecture a fait un "grand pas" .
De son côté l’organisation Sea Shepherd doute de la légalité de cet arrêté municipal. Stéphane Girard, membre de l’association, estime que Thierry Robert n’a pas les compétences pour prendre une telle décision qui va toucher directement la réserve naturelle marine. Les pêcheurs qui se risqueraient à prélever les requins bouledogues sous eux aussi sous le coup de sanctions, n’étant pas protégés par cet arrêté municipal, prévient Stéphane Girard.
Mais les principaux concernés pourraient finalement ne pas se ruer à la mer pour chasser le requin. En effet, la pêche de requins s’avère compliquée et peu rentable pour les pêcheurs. Même si la mairie se propose d’acheter les requins bouledogues de plus d’un mètre 50 à deux euros le kilo, l’activité est loin d’attirer les pêcheurs. "Ca peut-être intéressant pour certaines personnes, mais les pêcheurs ils sont déjà ciblés dans leurs pêches", estime Dominique Grondin, pêcheur à Saint-Leu.
L’arrêté municipal peut faire l’objet d’un recours devant le tribunal administratif dans les deux mois suivant sa publication. Les défenseurs comme les détracteurs du maire de Saint-Leu restent prudents quant aux conséquences de cette décision. Cette prise de position ferme de Thierry Robert jette un pavé dans la marre et la polémique n’est qu’à son début.