Après une dernière sortie en mer nocturne, l’opération de prélèvements de requins s’est achevée hier à minuit. Au total : trois touches et une prise : un requin bouledogue capturé. La préfecture avait fixé une limite de 10 squales maximum. Un objectif loin d’être atteint sur les 3 jours. En cause : les requins sédentarisés connaissent très bien les fonds marins.
Durant trois jours, deux bateaux de pêche choisis par la préfecture ont sillonné des zones délimitées au large de Boucan Canot pour capturer des squales représentant un danger pour nageurs et surfeurs. Pendant deux jours, aucun requin n’a mordu à l’hameçon. Finalement, le "Magnum" a attrapé hier un requin bouledogue de 2,50 mètres et de 160 kilos à l’endroit même où Eddy Auber avait été attaqué.
Hier soir, alors que la nuit tombait sur le port de Saint-Gilles, l’Are nui, l’un des deux bateaux de pêche mandatés par la préfecture pour mener à bien l’opération de prélèvements est reparti en mer pour tenter de pêcher un deuxième requin. Les autorités avaient autorisé la pêche des requins jusqu’à hier minuit. Finalement, les pêcheurs sont revenus bredouilles de cette dernière tentative.
La capture d’un requin bouledogue de 2,50 mètres et de 160 kilos hier a créée la polémique. Les images du squale mort a choqué nombre de Réunionnais, qui dénoncent sur la toile une "mesure radicale". Joël Le Guen, patron de la société Fishing club qui a participé à l’opération, précise que les méthodes de pêche utilisées étaient respectueuses de l’environnement. Pas d’appât sanglant, uniquement la palangre ou la canne pour faire une prise.
En effet, la pêche étant menée dans le secteur de la Réserve Marine, elle devait se faire conformément à des règles strictes. La zone de pêche se limitait à un secteur précis. "C’est sur que si on avait mis plein de viande dans l’eau, on aurait attiré beaucoup de requins, mais le but c’était de cibler les spécimens qui se sont sédentarisés au large de Boucan", explique le pêcheur. Rien d’évident selon Joël Le Guen car les requins connaissent bien les récifs coraliens et font facilement céder les lignes. Cette aisance des squales à ruser avec le paysage marin a compliqué la tâche des pêcheurs.
Joël Le Guen s’insurge contre les critiques portant sur le paiement de la mission. Si la préfecture a pris en charge les frais engagés et le manque à gagner de ces trois jours, les indemnités journalières versées aux pêcheurs sont bien inférieures aux montants évoqués de 2500 euros par jour. "C’est bien en dessous de la moitié des chiffres annoncés, nous ne sommes pas là pour nous faire de l’argent sur le malheur de certaines personnes. Je préférerais aller pêcher du marlin ou de la dorade", précise Joël Le Guen.
La pêche préventive a été levée hier soir à minuit. Le squale capturé a été autopsié et ses organes ont été envoyés en métropole pour analyse. Selon les services de la préfecture, cette opération va permettre de récolter des informations sur les squales. Chez les scientifiques, le scepticisme est de mise sur l’efficacité de cette mesure. La préfecture organise aujourd’hui une réunion afin de décider des suites à donner à l’opération.