Les syndicats locaux et nationaux fourbissent déjà leurs armes. Un mouvement est en train de se mettre en place pour demain. Un défilé dans la rue est prévu en Métropole. A la Réunion les représentants syndicaux jouent contre la montre pour tenter d’organiser une descente dans la rue pour dans moins de 24 heures. Pour l’instant un mot d’ordre de grève a été lancé par l’Unsa et la CFTC.
« Aucune décision n’a encore été prise sur le niveau auquel il faudrait porter l’âge légal », a affirmé hier Eric Woerth. Le nouveau seuil n’a donc pas encore été défini. Mais le recul pourrait s’amorcer dès janvier 2011.
Pour l’heure, la « concertation » avec les partenaires sociaux se poursuit. Même si hier, lors d’une convention nationale de l’UMP sur les retraites, les ténors du parti l’ont répété : le « socle » de la réforme, ce sera le fait de travailler « plus longtemps ».
Jean-François Copé, président du groupe UMP à l’Assemblée, en a profité pour fustiger une opposition « totalement irresponsable ». Car le PS a promis de rétablir la retraite à 60 ans si la gauche revient au pouvoir en 2012. Prochain grand rendez-vous : les manifestation syndicales, demain.
L’UMP a donc fini par briser le tabou de la retraite à 60 ans en soutenant "très clairement" un recul de l’âge de départ, sans toutefois avancer le moindre chiffre, et en affichant le souci de laisser la place à la "concertation" avec les partenaires sociaux.
Contrairement au Parti socialiste, les ténors de l’UMP ont défendu à l’unisson la nécessité d’un "report de l’âge légal et de l’allongement du nombre d’annuités", lors d’une convention sur ce thème à l’Assemblée nationale.
"Les 60 ans ne sont pas un totem", a déclaré le secrétaire général Xavier Bertrand, qui s’est amusé à citer Dominique Strauss-Kahn : "je dirais même que les 60 ans ne sont pas un dogme".
Mais à la veille d’une "journée de mobilisation nationale" sur les retraites, l’emploi et les salaires lancée par les syndicats, aucune hypothèse chiffrée n’a été avancée.
Xavier Bertrand, comme les présidents des groupes parlementaires UMP, Jean-François Copé (Assemblée) et Gérard Longuet (Sénat), a éludé la question devant les journalistes : "Il ne s’agit pas aujourd’hui de jeter des chiffres".
"Il reste beaucoup, beaucoup à décider", "beaucoup, beaucoup à concerter", a renchéri le ministre en charge de ce dossier sensible, Eric Woerth, en renvoyant à la présentation du projet gouvernemental vers la mi-juin.
"D’ici là, la concertation continue comme jamais", a-t-il assuré alors qu’une source proche du dossier, non démentie officiellement, affirme que la décision était prise de reculer de l’âge légal de départ à partir de 2011.
"Augmenter la durée d’activité, c’est la plus grande partie du chemin, mais ça n’est pas la totalité du chemin", a prévenu Xavier Bertrand, en présentant une série de propositions, notamment sur la recherche de recettes nouvelles. Et de citer, là encore sans avancer de chiffres, une "contribution sociale supplémentaire" pour les bénéficiaires de "stock options" et de "retraites chapeaux", mais aussi "une cotisation spécifique pour les hauts revenus".
Quant à la définition des hauts revenus, le patron de l’UMP s’est borné à exclure "les classes moyennes" et "les classes moyennes supérieures".
L’ex-ministre du Travail s’est également voulu rassurant en promettant le maintien du dispositif "carrières longues" mis en place en 2003 et une prise en compte de la pénibilité qui permettrait aux salariés de "cesser le travail avant les autres", voire d’autres formes de compensation (tutorat, aménagement de postes, temps partiel).
Enfin, la question explosive de l’harmonisation des régimes public/privé, évoquée plusieurs fois dans les interventions de l’auditoire, a été prudemment abordée.
"Le gouvernement refuse absolument qu’on oppose une France à une autre", a assuré Eric Woerth.