Les cases créoles à la Réunion continuent d’arborer fièrement les fameux lambrequins, ces plaques allongées décoratives qui non seulement donnent un cachet traditionnel aux maisons mais permettent de protéger les varangues de l’humidité.
Tout le monde ou presque à la Réunion les a déjà vus. Il suffit de lever la tête un tout petit peu, de bien observer les maisons créoles sur l’île. Et là, on les aperçoit, en bois, en tôle, blancs, bleus, jaunes... Il s’agit des fameux lambrequins ou lambroquins.
Ces petits plaques allongées, souvent découpées de façon décorative sont faites pour dissimuler les gouttières autour d’un toit. Les lambrequins sont également des motifs décoratifs capricieux à symétrie axiale, employés en céramique ou en reliure.
Généralement, ces garnitures de bois ajourées, qui décorent les varangues des cases créoles, sont certes décoratives, mais remplissent également une fonction pour le moins utilitaire à savoir piéger les eaux de ruissellement s’écoulant du toit. En effet, en faisant dégoutter verticalement, les lambrequins permettent ainsi en avant de la façade de protéger la varangue de l’humidité.
C’est certainement pour ces deux bonnes raisons que les lambrequins continuent d’être d’actualité sur l’île Bourbon. Mais pas seulement. " Ils ont sans doute été importés à la fin du XIXe siècle, on en trouve dans pratiquement dans toutes les villes balnéaires de France et de Navarre ", explique une connaisseuse.
D’inspiration végétale, d’art déco... Les lambrequins ont des formes tirées du vocabulaire de l’architecture victorienne... Bref, c’est un style métissé. " Alors en cela, on peut dire qu’il est réunionnais puisqu’il est métissé de tous ses apports culturels ", poursuit un autre amateur de lambrequins.
Hélas, pour les fabriquer de façon artisanale, c’est de plus en plus difficile. Seulement deux artisans sur l’île continueraient à les mettre en forme. " C’était un métier vraiment très dur. Pour faire un tout petit triangle, il fallait positionner, taper, c’est une méthode ancienne ", enchaîne un artisan spécialisé dans la fabrication des lambrequins.
Les années ont passé, les nouveaux matériaux sont arrivés. Aussi, les lambrequins ne sont malheureusement pas tous fabriqués en bois. Les nouveaux matériaux permettent néanmoins de conserver plus longtemps et plus facilement les lambrequins. " En PVC, ça tient mieux, il y a moins d’entretien, il n’y a plus de peinture à faire, c’est un gros avantage ", renchérit l’expert en lambrequins.
Malgré cela, il y a toujours autant d’amateurs. " J’ai toujours rêvé d’avoir des lambrequins sur ma maison, cela fait un peu revivre les vieilles maisons de mes ancêtres, il ne faut pas perdre ce patrimoine parce que de nos jours le patrimoine s’en va ", souligne un propriétaire résidant dans les hauts. A la Réunion visiblement, la tradition est loin d’être perdue.