Une femme en France meurt tous les trois jours sous les coups de son conjoint ou de son ex-conjoint, et une femme est violée toutes les 8 minutes. Statistiques abominables. Mais que font les pouvoirs publics ? Les associations peuvent-elles intervenir efficacement ? Odette Poncet, présidente de femmes solid’aires pousse un coup de gueule à l’occasion de la journée mondiale contre les violences faites aux femmes.
Odette Poncet, une femme tombe tous les 3 jours sous les coups de son conjoint. C’est une statistique effrayante ?
Elle est effrayante et ce sont des données nouvelles, car il y a 20 ans on ne parlait pas de ces faits de société. Cela surgit maintenant, mais cette violence existe depuis la nuit des temps. Je pense que les femmes ont toujours été victimes même si c’est peut-être moins aujourd’hui qu’hier.
Comment vivent ces femmes ?
Ce sont des femmes qui attendent une aide, quelques conseils. Nous les accueillons et les accompagnons chez le médecin, à la victimologie si nécessaire avec les enfants. À la police ou à la gendarmerie, mais là, les choses sont déjà moins évidentes.
Pourquoi ?
La police et les gendarmes d’une façon générale ne sont pas formés à la violence conjugale. Ils ne comprennent pas pourquoi ces femmes hésitent, portent plainte puis la retire, veulent parler sans déposer plainte. Ils ne comprennent pas que leur bourreau est l’homme qu’elles aiment le plus. Cette affaire-là est très compliquée. Ça finit par être agaçant.
Mais il y a des femmes policières pourtant ?
Oui, mais ça ne change rien. Ce qui va peut-être changer aujourd’hui, c’est la mise en place d’assistantes sociales dans les commissariats. Là nous avons à faire à des personnes qui ont suivi une formation spécifique, et ça change tout.
Cela explique-t-il que 1/4 seulement des femmes porte plainte ?
Je ne sais pas. Mais je peux vous dire que nous constatons que les femmes tentent de porter plainte et qu’elles n’y arrivent pas. Cependant je vais vous dire que ces femmes ont un courage extraordinaire, parce que vivre avec son bourreau pendant des années, et se dire qu’un jour on va y passer, puis tente de porter plainte parce que les enfants vous forcent à bouger, demande un courage extraordinaire.
Ces femmes courage veulent échapper à ce destin fatal. Comment vivre jour et nuit, avec la personne qui vous humilie devant les enfants, qui vous séquestre, qui vous frappe ? Ces femmes n’arrivent pas à quitter ces hommes, car au fond elles les aiment peut-être toujours. Et peut-être malheureusement qu’elles ont vécu la violence avant, dans le ventre de leur mère. La problématique est complexe. Il n’y a pas les hommes bourreau d’un côté, et les femmes victimes de l’autre. Notre travail c’est de faire comprendre aux femmes comment elles fonctionnent. Car ce n’est pas tout de se libérer d’un bourreau.
Et dans un foyer où sévit un homme violent, 80 % des enfants assistent aux coups donnés à la mère. Que deviennent-ils ?
Ce sont les enfants témoins et nous demandons à la société leur prise en charge pour l’hébergement et une prise en charge psychologique.
Pourquoi manifestez-vous samedi après-midi ?
Nous manifestons bruyamment pour faire avancer nos revendications, car nous avons des choses à dire. Nous exigeons la prise en considération des femmes victimes aujourd’hui. Il y a 1 500 plaintes par an, mais combien restent silencieuses ? Et ces femmes qui déposent plainte sont sans protection. Et les pouvoirs publics n’organisent rien pour protéger ces femmes. Chaque assassinat d’une femme qui est plongée dans cette situation est prévisible. On demande l’application des lois existantes. La loi du 4 avril 2006 sur l’expulsion du conjoint violent. Combien d’hommes ont été expulsés du domicile par rapport aux 1500 plaintes, j’aimerais le savoir. On est là pour dire qu’il faut faire quelque chose, assez d’assassinats à La Réunion.
Par exemple ?
Nous demandons aux maires d’organiser "Ville en deuil”, c’est-à-dire que les commerçants arrêtent toute activité pendant quinze minutes, et les écoles marquent une pause en hommage à une femme assassinée.
Il manque également des centres d’hébergement spécifique pour femmes victimes de violence. Aujourd’hui ces femmes sont mélangées avec des SDF. Il faut des psychologues pour les enfants et des professionnels pour encadrer ces femmes, et du sérieux à la police et gendarmerie.
Elle est effrayante et ce sont des données nouvelles, car il y a 20 ans on ne parlait pas de ces faits de société. Cela surgit maintenant, mais cette violence existe depuis la nuit des temps. Je pense que les femmes ont toujours été victimes même si c’est peut-être moins aujourd’hui qu’hier.
Comment vivent ces femmes ?
Ce sont des femmes qui attendent une aide, quelques conseils. Nous les accueillons et les accompagnons chez le médecin, à la victimologie si nécessaire avec les enfants. À la police ou à la gendarmerie, mais là, les choses sont déjà moins évidentes.
Pourquoi ?
La police et les gendarmes d’une façon générale ne sont pas formés à la violence conjugale. Ils ne comprennent pas pourquoi ces femmes hésitent, portent plainte puis la retire, veulent parler sans déposer plainte. Ils ne comprennent pas que leur bourreau est l’homme qu’elles aiment le plus. Cette affaire-là est très compliquée. Ça finit par être agaçant.
Mais il y a des femmes policières pourtant ?
Oui, mais ça ne change rien. Ce qui va peut-être changer aujourd’hui, c’est la mise en place d’assistantes sociales dans les commissariats. Là nous avons à faire à des personnes qui ont suivi une formation spécifique, et ça change tout.
Cela explique-t-il que 1/4 seulement des femmes porte plainte ?
Je ne sais pas. Mais je peux vous dire que nous constatons que les femmes tentent de porter plainte et qu’elles n’y arrivent pas. Cependant je vais vous dire que ces femmes ont un courage extraordinaire, parce que vivre avec son bourreau pendant des années, et se dire qu’un jour on va y passer, puis tente de porter plainte parce que les enfants vous forcent à bouger, demande un courage extraordinaire.
Ces femmes courage veulent échapper à ce destin fatal. Comment vivre jour et nuit, avec la personne qui vous humilie devant les enfants, qui vous séquestre, qui vous frappe ? Ces femmes n’arrivent pas à quitter ces hommes, car au fond elles les aiment peut-être toujours. Et peut-être malheureusement qu’elles ont vécu la violence avant, dans le ventre de leur mère. La problématique est complexe. Il n’y a pas les hommes bourreau d’un côté, et les femmes victimes de l’autre. Notre travail c’est de faire comprendre aux femmes comment elles fonctionnent. Car ce n’est pas tout de se libérer d’un bourreau.
Et dans un foyer où sévit un homme violent, 80 % des enfants assistent aux coups donnés à la mère. Que deviennent-ils ?
Ce sont les enfants témoins et nous demandons à la société leur prise en charge pour l’hébergement et une prise en charge psychologique.
Pourquoi manifestez-vous samedi après-midi ?
Nous manifestons bruyamment pour faire avancer nos revendications, car nous avons des choses à dire. Nous exigeons la prise en considération des femmes victimes aujourd’hui. Il y a 1 500 plaintes par an, mais combien restent silencieuses ? Et ces femmes qui déposent plainte sont sans protection. Et les pouvoirs publics n’organisent rien pour protéger ces femmes. Chaque assassinat d’une femme qui est plongée dans cette situation est prévisible. On demande l’application des lois existantes. La loi du 4 avril 2006 sur l’expulsion du conjoint violent. Combien d’hommes ont été expulsés du domicile par rapport aux 1500 plaintes, j’aimerais le savoir. On est là pour dire qu’il faut faire quelque chose, assez d’assassinats à La Réunion.
Par exemple ?
Nous demandons aux maires d’organiser "Ville en deuil”, c’est-à-dire que les commerçants arrêtent toute activité pendant quinze minutes, et les écoles marquent une pause en hommage à une femme assassinée.
Il manque également des centres d’hébergement spécifique pour femmes victimes de violence. Aujourd’hui ces femmes sont mélangées avec des SDF. Il faut des psychologues pour les enfants et des professionnels pour encadrer ces femmes, et du sérieux à la police et gendarmerie.
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