Depuis le début de la campagne sucrière, les incendies dans les champs de cannes se succèdent. L’usine de Bois-Rouge a déjà traité 15.000 tonnes de cannes brûlées cette année.
Le campagne sucrière qui a démarré dans le Nord le 17 juillet dernier est cette année encore marquée par des incendies en série dans les champs de canne. Certains accusent les planteurs de mettre eux-mêmes le feu aux champs pour que les cannes se chargent en sucre et qu’elles soient traitées en priorité par les usines.
Les agriculteurs s’insurgent contre ces accusations et des analyses menées sur les cannes de Colbert Leste, dont le champ a été en partie ravagé par les flammes dimanche, vont dans ce sens. D’après les données récoltées lundi à l’usine de Bois Rouge, les cannes qui devaient enregistrer entre 16 à 17 points de richesse en novembre ne comptent plus que 11 à 12 points après l’incendie d’hier. Une canne à sucre de qualité moyenne est évaluée entre 13 et 14 points.
Colbert Leste est un planteur de Bras-Panon. C’est dimanche que lui et 6 autres agriculteurs ont perdu une partie de leur production dans un incendie. En tout, ce sont 15 hectares de cannes qui sont partis en fumée. Pour Colbert Leste, en plus des pertes sèches, ce sinistre est synonyme de nouvelles dépenses. Pour que les cannes ne perdent pas trop en richesse et puissent être traitées rapidement par l’usine, l’agriculteur doit embaucher des coupeurs. Au lieu de 2, ils sont une dizaine à s’activer dans le champ.
En ce qui concerne les assurances, tous les planteurs n’y souscrivent pas. Pour ceux qui en possèdent une, les remboursements dépassent rarement les 50% de pertes enregistrées.
D’après Marc Thierry, responsable agricole à l’usine de Bois Rouge, ce sont en tout 15.000 tonnes de cannes brûlées qui ont été traitées par l’usine depuis le début de la campagne sucrière. Ces incendies causent aussi beaucoup de désagréments à l’usine de Bois Rouge. Les ouvriers se retrouvent avec des surplus de canne qui doivent être traitées prioritairement.
Mais intégrer les cannes brûlées dans le processus, c’est aussi utiliser une matière première de faible qualité. Cela a des impacts sur le produit final, notamment par exemple, sur la couleur des sirops et l’acidité des jus.
Après un incendie, le champ est examiné par un comité technique qui décide du quota de cannes qui seront traitées en priorité. Cette étape est primordiale pour que les plantes brûlées perdent le moins possible de richesse. Quatre jours après l’incendie, celle-ci gardent encore en grande partie leur teneur en sucre. Mais ensuite, tous les 2 jours, ce sont 2 points de richesse perdus. Un point valant 5 euros, cela représente un manque à gagner de 25 euros par tonne pour les agriculteurs.