Gérard Canabady est exploitant agricole et secrétaire adjoint de la Fédération Départementale des Syndicats d’Exploitants Agricoles (FDSEA). Il organise avec les exploitants agricoles du Sud de l’île des rondes de nuit dans les champs de cannes pour empêcher les pyromanes d’agir.
Des rondes de nuit dans les champs de cannes, c’est nouveau ?
C’est nouveau et à la fois ancien. Autrefois devant l’importance des incendies beaucoup d’agriculteurs s’étaient organisés pour faire des rondes de surveillance. Les incendies s’étaient un peu calmés ces dernières années. Mais devant la recrudescence de pyromanes ces dernières semaines, les planteurs se sont remis à surveiller les champs de cannes.
C’est une milice, vous êtes armés ?
Non pas du tout. La différence avec une milice, c’est qu’elle est paramilitaire et ne respecte pas la loi. Nous, nous sommes simplement des professionnels qui essayons de surveiller nos biens et le résultat de notre travail sur toute une année.
Nous faisons des rondes de surveillance, et au cas où nous tombons sur un départ de feu, nous appelons les pompiers. Et s’il y a des individus peu recommandables, nous appelons les forces de l’ordre. Nous ne sommes absolument pas une milice, nous sommes des planteurs conscients du danger pour nos exploitations.
Mais vous êtes des planteurs en colère. Alors êtes-vous armés ?
Jamais de la vie. Nous ne sommes pas armés et oui nous sommes en colère mais il faut rester à la loi. C’est une règle chez nous. Mais de l’autre côté : pour que la loi puisse exister, encore faut-il la vigilance des citoyens. La seule chose que nous avons avec nous, ce sont des extincteurs, des bouteilles d’eau et les téléphones portables.
Mais pas de sabre à cannes ?
Absolument pas. Le mot d’ordre est clair entre tous les membres qui s’organisent chaque nuit. Nous ne voulons pas entrer dans la spirale de la violence. Il est vrai que les gens sont en colère, il est vrai que les esprits sont échauffés, mais il est vrai aussi qu’il nous appartient de rester maîtres de nous-même. Nous menons une action citoyenne et nous ne nous substituons pas à la loi.
Si vous attrapiez un pyromane, que lui feriez-vous ?
Il faut savoir qu’un pyromane, qui est pris sur le feu s’enfuit, donc la première chose que nous ferions serait d’éteindre l’incendie qu’il a allumé. C’est le feu qui est notre ennemi.
Retrouvez le podcast de l’émission “Point de vue” sur le site www.antennereunionradio