Une proposition de loi du groupe visant à suspendre la commercialisation des biberons produits à base de Bisphénol A a été adoptée par le Sénat à l’unanimité hier soir.
Le texte adopté hier par le Sénat proposait à l’origine l’interdiction du Bisphénol A dans tous les plastiques alimentaires mais le rapporteur UMP de la commission des Lois, Gérard Deriot, a fait adopter un amendement le ramenant à une suspension de la commercialisation des biberons au Bisphénol
L’inquiétude augmente depuis plusieurs semaines quant aux effets sanitaires du Bisphénol A présent dans les biberons. C’est un revirement pour cette agence officielle - Afssa (Agence Française de sécurité sanitaire des aliments) - qui avait conclu en 2008 à l’innocuité du Bisphénol A présent dans certains objets en plastique dur tels que les biberons, boîtes en polycarbonate, bouteilles d’eau ou films alimentaires.
L’alerte est devenue officielle en ce qui concerne le Bisphénol A. Ce produit migre facilement du récipient à l’aliment puis à l’organisme, d’où l’inquiétude qui grandit concernant les biberons. En février dernier l’Afssa a reconnu qu’il y avait dans des études des "signaux d’alerte". Pour rappel, Cécile Duflot, secrétaire nationale des Verts a immédiatement demandé à ce que soit retirés immédiatement toutes les biberons contenant ce produit. Cette demande a aussi été formulée par Gérard Bapt, le député PS (Parti Socialiste) de Haute-Garonne et par André Cicoletta, porte-parole du Réseau environnement-santé.
Hier soir, le Sénat a adopté à l’unanimité
" une proposition de loi du groupe RDSE, à majorité radicaux de gauche, destinée à suspendre la commercialisation de biberons produits à base de Bisphénol A (BPA), déjà en vigueur dans les crèches de plusieurs villes, dont Paris". Sur le département, de nombreuses crèches assurent également un rôle de prévention quant au danger du Bisphénol A et privilégient les biberons en verre.
La proposition de loi adoptée par le Sénat hier doit encore être inscrite à l’ordre du jour de l’Assemblée nationale pour pouvoir poursuivre son parcours parlementaire. Tout en se déclarant "plutôt favorable" à l’amendement, la ministre de la Santé, Roselyne Bachelot, a cependant émis deux réserves, à savoir "un risque réel de contentieux européen" et le fait que l’inocuité des substituts au bisphénol A n’a pas été suffisamment étudiée.
Lors de la discussion générale avant l’examen des amendements, Mme Bachelot avait demandé aux sénateurs de "réfléchir à deux fois avant d’interdire" le bisphénol A dans les plastiques alimentaires. "Il est indispensable de fonder nos décisions sur des éléments objectifs, ce qui suppose de se donner un peu de temps pour réunir ces éléments", avait-elle précisé, évoquant des études notamment de l’Inserm et de l’Afssa actuellement en cours.