fBien que beaucoup plus fréquents, les infanticides maternels sont accomplis plus discrètement et ne sont en général découverts bien après les faits, (exemple des bébés congelés de l’affaire Courjeault).
Les infanticides paternels sont plus visibles car accomplis dans d’autres circonstances. Ils résultent souvent d’une volonté de faire payer la maman. on peut tenter d’analyser quelques raisons qui amènent un père à commettre un tel crime :
Contrairement aux infanticides maternels qui surviennent en toutes circonstances, les infanticides paternels sont très majoritairement accomplis après une séparation ou un divorce. Dans le cas de Saint-Joseph, le père meurtrier a tenté de tuer la mère dès les premiers instants de son acte de folie.
On sait que la situation actuelle des pères séparés ou divorcés est difficile pour eux. Réduits à un rôle sans réelle interaction avec leurs enfants, contraints souvent à vivre dans des studios pour payer les pensions, délibérément écartés des enfants par certaines mères, subissant des décisions de justice parfois aberrantes, ils se sentent si impuissants à exister en tant que pères qu’il y a là une faille dangereuse.
Certains pères se battent pour exister auprès de leurs enfants. Ils y mettent une énergie considérable, parfois au détriment de toute vie privée. D’autres abandonnent, ne voient plus leurs enfants, ne cherchent plus à recouvrer les responsabilités que la situation leur a ôtées.
Un père n’est pas un simple pourvoyeur d’argent ou de sécurité. On entend souvent dire que le père s’occupe peu de ses enfants, qu’il ne montre pas forcément ses sentiments.
Il y a là un aspect culturel dû au fait que l’on donne depuis très longtemps la priorité à la mère en ce qui concerne l’expression de l’affection. C’est souvent elle qui réconforte, qui nourrit, qui soigne.
La théorie marxiste féministe prétend que les hommes veulent tout contrôler et dominer, et que le meurtre en est une manifestation. C’est un peu court, et cela devrait aussi s’appliquer aux mères infanticides, pour lesquelles on trouve si facilement des circonstances atténuantes. Si certains hommes - comme certaines femmes - sont en effets violents et dominateurs, la plupart des pères infanticides sont sans histoire. Pas de condamnation, pas de violence coutumière.
Certains parents, principalement des mères mais aussi des pères quand ce sont eux qui ont la garde, règlent leur désamour à travers les enfants. Casser la relation entre un parent et son enfant sert à casser le parent non gardien. Et tant pis pour les enfants.
Tuer leurs enfants est parfois vouloir punir l’autre parent, mais c’est aussi tenter de les soustraire au parent gardien jugé toxique.
Ces pères sont des criminels. Au même titre que les mères infanticides. Alors que l’on tente souvent d’expliquer voire d’atténuer la responsabilité psychologique et parfois pénale des mères meurtrières, il y a aussi des raisons pour que des pères commettent l’irréparable.
Dans les situations prévisibles, où des menaces et des violences ont déjà eu lieu, les services sociaux devraient être beaucoup plus vigilants. Mais le risque de ces situations est bien en amont : il est dans les décisions de justice qui généralement évacuent les pères. Il est dans l’absence de médiation en cas de séparation ou divorce, ce qui fait que les parents règlent leurs conflits par enfants interposés.
La médiation doit devenir une règle lors des séparations avec enfants, car l’expérience prouve que quand elle a lieu les conflits parentaux n’empiètent plus sur la vie des enfants et sur leurs relations avec les deux parents. Et la garde alternée devrait être instituée par défaut, sauf dans certaines circonstances à définir.
Source Doctissimo