L’interpellation de deux naturistes par des hommes de la brigade de gendarmerie il y a quelques jours a fait l’effet d’une bombe au sein des habitués du site de la Souris Chaude. La situation s’envenime de jour en jour. Les habitués du lieu parlent aujourd’hui de discriminations à répétition et d’homophobie.
Le conflit qui oppose la municipalité de Trois Bassins au clan des naturistes n’est pas prêt de prendre fin. Il y a quelques jours, deux naturistes ont été interpellés par des gendarmes en civil, ce qui a ravivé un peu plus la polémique. Les habitués du lieu, qui fréquentent la plage de la Souris Chaude depuis plusieurs années estiment être dans leurs bons droits et demandent à ce que le site leur soit officiellement et définitivement réservé.
Pour la mairie de Trois-Bassins, pas question de leur donner satisfaction. Françoise Rivière est adjointe à la culture, à l’économie et au littoral. Elle rappelle que les autorités "ne font que leur devoir", ajoutant que les actions de contrôle mises en place conjointement par la mairie et les forces de l’ordre répondent à une demande, "celle de la population qui souhaite que le site de la Souris Chaude lui soit restitué". Au vu de la détermination des naturistes, le conflit risque de perdurer un long moment encore.
Cette plage est visitée par les naturistes depuis plus de vingt ans. Pourtant, un arrêté municipal datant de 1978 interdisait déjà ces pratiques. Alain Boutet, qui milite pour le naturisme depuis son arrivée dans l’île, ne mâche pas ses mots. Selon lui, l’arrêté qui proscrit le naturisme à la Souris Chaude est tout bonnement "scandaleux". Il n’hésite d’ailleurs pas à employer des termes chocs, assurant que "l’île de la Réunion est inscrite au patrimoine des intolérances" et que "les touristes homosexuels sont pourchassés par la mairie et la police municipale".
Face à ces accusations, la municipalité de Trois Bassins se montre claire : "il n’y pas d’homophobie et pas non plus d’action contre le naturisme". L’adjointe au littoral, Françoise Rivière insiste sur la volonté de la mairie "d’éviter les problèmes de voyeurisme et de prostitution" qui entachent sérieusement l’image des naturistes.
Du côté des touristes de passage dans l’île et qui pratiquent le naturisme, on assiste aux joutes verbales, un peu résigné. Les vacanciers qui ont coutume de fréquenter la plage de la Souris Chaude lors de leur séjour, espèrent que les deux parties arriveront à un consensus, ce qui mettrait fin à "un climat malsain". Les naturistes fustigent en outre une certaine population attirée par les magazines, bourrée de clichés et à la recherche d’expériences atypiques. Selon les habitués de la Souris Chaude, c’est cette catégorie d’individus qui met à mal l’image des naturistes et rendent la cohabitation impossible.
L’arrêté en vigueur à Trois Bassins prévoit 15 000 euros d’amende et un an de prison en cas de non respect de la règlementation. Les naturistes bien informés des sanctions qu’ils encourent, ne semblent pas pour autant prêts à stopper leurs pratiques.