La révélation de 11 cas de saturnisme dans un quartier du Port rappelle qu’aujourd’hui encore, des dizaines de familles vivent dans des bidonvilles à la Réunion, dans des conditions déplorables. Retour dans le quartier de l’Oasis du Port, où la situation semble être sans solution.
Elles sont une trentaine de familles selon la mairie du Port. Difficile de donner un chiffre précis. Mais les maisons se suivent dans ce bidonville du Triangle de l’Oasis. Et il ne s’agit pas du seul de l’île.
Hier, les services publics révélaient la découverte de onze cas de saturnisme chez des enfants dans ce quartier. Une maladie provoquée par le contact prolongé avec le plomb, alors que des batteries contenant cette matière toxique sont entassées dans les environs.
Mais au delà de cette maladie grave, qui provoquent notamment des troubles neurologiques et mentaux, les conditions de vie dans ce bidonville sont alarmantes.
Pas d’eau, des raccordements électriques douteux, des meubles et des murs rapiécés et tremblotants, des déchets entassés à même le sol... et les enfants, jouant, pieds nus, au milieu de l’ensemble.
Les habitants de ce bidonville n’ont pas le choix. Qu’ils soient Réunionnais, Mahorais ou Comoriens, ils vivent ici par nécessité. Ceux qui ont quitté leur terre pensaient vivre mieux à la Réunion, comme cette mère, venue avec ses huit enfants. Finalement, leur situation est bien pire.
Sept bidonvilles résorbés en 40 ans
Pascal, quant à lui, habite seul dans sa case en tôle. Ancien agent municipal du Port, travaillant pour le service environnemental, il a vu sa maison partir en fumée dans un incendie.
Il se retrouve désormais dans le bidonville. Mais il assure ne rester là que pour dormir. La journée, il la passe à jouer aux dominos avec ses amis et ses voisins de l’Oasis.
L’Oasis. Un nom ironique pour ce lieu privé d’eau. Les seules arrivées du liquide précieux sont partagés entre les habitants. Et la qualité de l’eau pose des questions. Pour le bain, chacun possède sa bassine. La cuvette des toilettes est disposée où l’endroit le permet, avec des évacuations sommaires.
Depuis hier, le maire du Port Jean-Yves Langenier, ainsi que l’ARS, Agence régionale de santé, et l’ensemble des pouvoirs publics invitent ces habitants à quitter les lieux par sécurité.
Mais ils les invitent à aller où ? Selon Alain Moreau, directeur général adjoint des services de la mairie, la ville du Port est "engagée depuis 40 ans à faire disparaître les habitats précaires".
Sept bidonvilles auraient été résorbés depuis. Mais face à la demande de 2 500 logements seulement pour le Port, difficile de trouver une solution pour tout le monde. De plus, selon le responsable de la mairie, il y a un flux continu dans ce quartier. Lorsqu’une famille arrive à le quitter, une autre prend sa place.
En attendant, les enfants jouent. Deux arrêtés municipaux ont été signés. L’un pour lutter contre le dépôt sauvage de déchets. L’autre pour faire la prévention du saturnisme. D’ici là, une autre maladie aura peut-être le temps de ravager le quartier.