Le Capitaine Rémi Authebon, chef opérationnel du Groupe d’Intervention de la Police Nationale (GIPN) était l’invité du Journal Télévisé de 19h d’Antenne Réunion. Il revient sur l’intervention de l’unité d’élite du RAID à Toulouse ces deux derniers jours. Rémi Authebon rappelle l’importance de la négociation dans une telle crise, ce qui explique la longue attente des policiers avant de donner l’assaut. Il apporte aussi des précisions sur la gestion d’un tel cas par un groupe d’intervention.
Aujourd’hui 300 cartouches ont été tirées en à peine 5 minutes, deux policiers ont été légèrement blessés. Est-ce que c’est un miracle ?
Capitaine Rémi Authebon : Un miracle non, je parlerais d’une opération de police réussie puisque l’individu, suspecté de meurtre, a été mis hors état de nuire.
Est-ce qu’on avait à faire aujourd’hui à un forcené ordinaire ?
Capitaine Rémi Authebon : Oui dans ce cas c’est un forcené ordinaire, il était tellement déterminé. Il avait exprimé le souhait de mourir au combat. C’est donc à un travail délicat que les hommes du RAID ont dû faire face de part la personnalité du mis en cause.
Comment est-ce qu’on peut négocier la reddition face à un individu aussi déterminé ?
Capitaine Rémi Authebon : La grande difficulté était là. On est en face de quelqu’un qui a été endoctriné. Donc il répond certainement à des critères différents que ceux qu’on peut connaître en Occident. La difficulté c’est de trouver les éléments pour le faire revenir dans un état normal et sortir de cette crise.
Il y avait une difficulté, c’était de le prendre vivant. La négociation c’est le coeur et la base de tout ?
Capitaine Rémi Authebon : Biensûr. D’ailleurs, les efforts qui ont été déployés à Toulouse ces deux derniers jours le montrent bien. La négociation c’est vraiment l’outil que l’on met en avant, c’est l’outil principal, et c’est un soutien important dans l’élucidation de ces crises d’une part parce que on peut amener l’individu à se rendre par lui-même. Ca permet aussi au groupe d’intervention de se préparer, de prendre des éléments et de prendre plus globalement la situation en compte.
Des policiers légèrement blessés, choqués. Qu’est-ce que ça veut dire ?
Capitaine Rémi Authebon : Ils sont victimes de leur devoir. Quand on met une tenue noire et qu’on appartient à un groupe d’intervention on sait qu’on peut être blessé, voir tué.
Est-ce qu’ils vont être pris en charge psychologiquement ?
Capitaine Rémi Authebon : Il y a une cellule qui est assez structurée au RAID avec un psychologue qui est au service 24 heures sur 24, donc il y aura un accompagnement par des psychologues spécialisés afin de débriefer et faire en sorte qu’ils vivent mieux.
32 heures de négociation, est-ce que c’est un temps habituel ?
Capitaine Rémi Authebon : Ce n’est pas habituel mais encore une fois, ça démontre bien la volonté du RAID et des services de police de le faire sortir de là vivant pour qu’il puisse comparaître devant la Justice, comme le Droit français le demande.
Retrouvez dans la vidéo jointe l’intégralité de l’interview du Capitaine Rémi Authebon, chef opérationnel du GIPN.