Bernard Séret affirme que le requin bouledogue prolifère dans nos eaux à cause de la pollution et d’une hausse du nombre des usagers de la mer. La chasse ciblée ne serait pas une solution, selon le spécialiste.
L’attaque mortelle de requin survenue hier dans la baie de Saint-Paul suscite de nombreuses réactions. Pour Bernard Séret - biologiste marin à l’Institut de Recherche et de Développement et spécialiste requin au Museum national d’histoire naturelle - "ce site est dangereux" et "on le sait depuis longtemps".
Il ajoute que "c’est une plage dangereuse parce que c’est une plage de sable volcanique meuble qui bouge. Le fond descend très rapidement. Vous faites quelques pas et vous avez déjà de l’eau jusqu’au cou".
Mais la baie de Saint-Paul est dangereuse également "par la présence de requins" car "on sait qu’il y a des requins de grandes tailles dans la baie de Saint-Paul depuis longtemps".
Selon le spécialiste, "c’est la dégradation de la qualité de l’environnement aquatique qui a favorisé un changement, un transfert de population. Les requins de récifs habituels on les voit beaucoup moins qu’avant et l’habitat a été occupé par des requins bouledogues qui étaient là, mais qui étaient maintenus à distance par ces requins de récifs. Ces requins bouledogues sont dangereux".
Par ailleurs, il ajoute qu’en "parallèle, vous avez une augmentation très importante des usagers de la mer dans cet espace littoral. Statistiquement, vous avez des interactions entre l’homme et le requin".
Bernard Séret précise qu’aujourd’hui pour résoudre cette crise requin, "la solution réside peut-être dans un choix politique". Il indique qu’à "La Réunion vous avez une situation très particulière, vous avez un espace limité à quelques dizaines de kilomètres où tout se concentre. Est-ce que l’on peut faire un parc aquatique, un parc de loisirs en même temps une réserve naturelle, en même temps des activités professionnelles ? Personnellement, je ne le pense pas. Donc, c’est un choix politique et ce choix politique doit être pris en fonction de l’intérêt général de La Réunion et des Réunionnais".
Pour Bernard Séret, les autorités locales pourront donc s’appuyer sur les études scientifiques qui sont en cours pour avoir des éléments qui pourront les aider à prendre des décisions. Mais ce qui va l’emporter, selon le spécialiste, "c’est le facteur socio-économique".
En ce qui concerne le dispositif post-attaque autorisée par le préfet après l’attaque de requin, Bernard Séret estime que ce n’est "pas vraiment une solution". Il ajoute que "ça a une utilité psychologique pour essayer de faire baisser la pression. Ca pourrait avoir une utilité écologique si on était sûr que c’était le même requin qui soit responsable de l’attaque, mais à long terme on sait que c’est inutile puisque pour vraiment éradiquer les requins, il faudrait exercer l’effort de pêche quotidiennement et à longueur d’année. Faire une opération coup de poing, ça ne résout pas le problème".