Depuis la mort d’un jeune bodyboarder mercredi dernier, victime d’une attaque de requins sur le spot de Petit Boucan -la deuxième depuis le début de l’année -, la polémique enfle sur la présence de squales aux abords des côtes réunionnaises. Des mesures doivent-elles être mises en place pour éloigner les requins des lieux fréquentés par les surfeurs et les baigneurs ? Ou est-ce à l’homme "l’étranger" du milieu marin de se montrer plus prudent ? Pour Maxence Delagrange, président de la Fédération du surf de la Réunion, "prélever" les prédateurs est la solution pour protéger efficacement les riders.
800 000 requins à la Réunion, soit près d’un par habitant, c’est le chiffre considérable avancé par Maxence Delagrange, fondateur de la Ligue réunionnaise de surf. En réalité aucun moyen d’établir un comptage précis. Les professionnels de l’Observatoire Marin de la Réunion repèrent quant à eux rentre 40 à 60 spécimens par an.
A quelques jours d’une nouvelle attaque de requins sur le spot de Petit Boucan, dans laquelle Eddy Auber, un bodyboarder de 31 ans, a perdu la vie, le débat sur la présence des squales est relancé. Faut-il capturer les requins ?
L’image d’un requin bouledogue mis à mort au port de Saint-Gilles quelques jours après une attaque en février dernier avait choqué nombre de Réunionnais. Si certains y voyaient un pur acte de barbarie, soulignant le rôle essentiel joué par les requins dans l’écosystème marin, d’autres approuvaient le geste des pêcheurs, affirmant qu’il fallait avant tout protéger les humains du prédateur.
Protéger les cibles potentielles des poissons tant redoutés, c’est également le point de vue de Maxence Delagrange. "Il y a beaucoup d’avocats pour les requins, très peu pour les victimes, moi j’ai choisi de me placer du côté des victimes", assène t-il. Sa solution : prélever les requins, c’est à dire les capturer pour les déplacer le plus loin possible du lieu de l’attaque "avec une très forte probabilité qu’ils ne reviennent pas là où ils ont souffert". Même s’il ne s’agit pas de tuer les squales directement, le président de la Ligue de Surf le concède : "souvent lors de la capture, le requin meurt".
Les cibles les plus fréquentes des requins sont les surfeurs et les bodyboarders. Pas d’intention meurtrière volontaire chez les squales - contrairement à l’image qu’il leur colle aux ailerons - mais simplement un rôle de nettoyeur de la mer à jouer et une confusion entre les riders et les tortues marines ou d’autres animaux.
Parmi les pratiquants de surf, toujours plus nombreux à la Réunion, la position radicale du président de la Ligue de Surf ne fait pas l’unanimité, mais fait réagir. "Il faut que chacun arrive à vivre ensemble, après si l’on est obligé d’en passer par là, pourquoi pas", estime un surfeur. "Les prendre et les mettre un peu plus loin, alors est-ce que l’on a un retour d’expérience qui prouve que le requin ne reviendra pas ?", s’interroge cet autre pratiquant plus sceptique. D’autres soulignent que des mesures de prévention et de recensement des spécimens seraient plus utiles que des méthodes coercitives.
Chez les baigneurs, le discours est sensiblement différent. Nombreux son ceux qui estiment que les requins étaient là avant l’homme et que c’est donc à ce dernier de s’adapter. Malgré les attaques à répétition, aucune mesure de protection collective n’a été engagée dans l’île. Une étude scientifique des requins pourrait permettre de mieux comprendre leurs déplacements et leur fonctionnement, afin d’opter pour la solution la plus appropriée.