Invité de l’émission Face à L’info, le député UMP René-Paul Victoria a commenté l’actualité brûlante de ces derniers jours, critiquant d’une part les tentatives de récupération politique opérées par certains élus et de l’autre, la gestion des émeutes à Saint-Denis. René-Paul Victoria a aussi évoqué la réforme de la défiscalisation et son impact pour l’Outre-Mer. Il revient aussi sur son rôle au sein de sa famille politique et déclare qu’il est l’un des derniers "remparts" de la Droite locale à Saint-Denis.
René-Paul Victoria : A chaque fois qu’il y a un mouvement, quelque soit son intensité, se faire entendre n’est pas toujours facile et les élus prennent souvent beaucoup de recul pour analyser, pour agir dans toutes les instances. Il y a des élus qui ont été présents sur le terrain pour tenter la médiation et d’autres pour être au devant de la scène et accompagner le mouvement.
Nous avons vu par exemple un élu de l’Ouest avec son écharpe, sur un territoire qui n’est pas le sien. Là aussi, on peut se poser des questions. A-t-on le droit, lorsqu’on est élu de venir sur un territoire qui n’est pas le sien, accompagner un mouvement, avec toutes les conséquences qu’on a vues ? Il y a même d’autres élus qui, alors que sur leur territoire, il y avait des événements aussi graves, ils ont mis beaucoup de temps à intervenir et à agir. Même si cela concerne l’ensemble des Réunionnais, il y a des instances pour régler ces problèmes.
Il y a l’association des Maires qui aurait pu être un moteur plus fort. Il y a le Conseil Général qui s’est investi mais il y aurait pu y avoir une réunion exceptionnelle. Les élus, en relation avec les services de l’Etat, mais aussi avec les principales associations de terrain ont tenté de faire ce qu’ils ont pu faire pour que cette crise soit prise en compte mais qu’il n’y ait pas de violences. Je crois que c’est là dessus qu’on devrait vraiment axer la démarche. Pas de violence car lorsqu’il y a de la violence, c’est toujours les plus pauvres, les plus faibles qui subissent les conséquences.
Cette semaine, on a beaucoup parlé de la liste des 60 produits (cf Linfo.re : La liste des 60 produits solidaires) dont le prix a baissé. Est-ce une réponse que vous estimez satisfaisante en faveur du pouvoir d’achat de la population ?
René-Paul Victoria : Elle n’est pas à 100% satisfaisante mais c’est déjà un premier pas. J’ai eu le plaisir de participer à la réunion plénière de l’Observatoire des prix de la Réunion. Les acteurs économiques se sont engagés à ce qu’il y ait une deuxième étape. Donc, je veillerai moi en tant qu’élu et représentant des Réunionnais pour que cette deuxième étape puisse se faire. Mais à côté de la baisse des prix, il y a également le problème des revenus de chaque famille. Soit les revenus de la solidarité nationale, soit les revenus du travail. Il faut effectivement un véritable débat. On ne peut pas continuer à avoir des prix qui augmenteront demain et puis avoir des salaires ou des prestations qui n’augmentent pas.
Avez-vous évoqué ce sujet à l’Assemblée Nationale ?
René-Paul Victoria : A chaque fois qu’on a eu des discussions sur les territoires ultramarins, notamment dans le cadre budgétaire ou dans un cadre plus spécifique, j’ai toujours dit que la situation de la Réunion était inquiétante. Certaines fois, nous avons été entendus, d’autres fois non. Des fois, le Gouvernement nous a entendu. D’autres fois, ce sont nos collègues de l’Assemblée Nationale qui n’ont pas aussi fait l’effort de nous entendre. Je pense notamment aux élus de Gauche lorsqu’il s’est agi de travailler sur la défiscalisation. Sur ce point, nous avons souvent eu des élus de Gauche qui ont condamné la défiscalisation et nous voyons le résultat maintenant.
Globalement que pensez-vous du bilan du quinquennat de Nicolas Sarkozy pour l’Outre-Mer ? Est-ce que toutes les mesures prises pour l’Outre-Mer sont satisfaisantes ?
René-Paul Victoria : D’abord c’est un quinquennat de réformes. L’Outre-Mer avait besoin de réformes pour changer de modèle économique pour faire en sorte que chaque individu devienne l’acteur de son propre développement. Je crois que c’est là-dessus qu’on doit asseoir notre politique. En ce qui concerne les coups de rabots, je n’ai pas partagé tous ces coups de rabots, je pense au photovoltaïque notamment. Je suis déçu, mais je suis aussi satisfait dans la mesure où de 14 centimes nous sommes passé à 20 centimes du prix de vente du kilowattheure . Là où je suis déçu, j’aurais aimé une décision plus forte, mais la crise économique fait que nous avons pris un peu de retard. J’espère avec les nouveaux amendements que j’ai proposés que nous puissions demain avoir une réponse pour relancer le photovoltaïque. Je souhaiterais que la défiscalisation concerne les privés, donc photovoltaïque domestique avec stockage.
Nicolas Sarkozy est attendu prochainement dans l’île. Pensez-vous qu’il va annoncer des mesures spécifiques pour résoudre ce problème ?
René-Paul Victoria : D’abord, je souhaite qu’il annonce des mesures avant qu’il vienne. Il annoncera des mesures en tant que Président de la République. Donc il pourra mettre en oeuvre sans attendre le prochain quinquennat. Parmi ces mesures , il y en a une qui me touche de près et qui me tient beaucoup à coeur. Elle concerne l’emploi des jeunes. On a travaillé avec un certain nombre de collègues, avec le Gouvernement et aussi avec les professionnels de la Réunion. Je souhaiterais que l’embauche des jeunes de moins de 26 ans soit exonérée de charges totales, c’est-à-dire charges zéro. Et je souhaiterais que cette mesure soit étendue à l’ensemble des secteurs d’activité, du commerce, de l’artisanat ; du BTP. Là, on pourrait créer des milliers d’emplois. Et là j’attends que le Président de la République se prononce assez rapidement. J’ai également prévu des mesures pour que les séniors deviennent les tuteurs d’une cohorte de jeunes, mais là je pense que c’est un peu plus compliqué.
La droite est-elle unie pour faire campagne pour le candidat Président ?
René-Paul Victoria : la Droite est en état de marche pour faire campagne pour Nicolas Sarkozy. A Saint-Denis, nous avons par exemple participé à la création d’un comité de soutien. Nous étions plus de 150 personnes pour le noyau de base. Nous lançons donc un appel à ceux et celles qui veulent nous rejoindre, qui veulent défendre nos valeurs, des valeurs qui dépassent le camp de la Droite : l’autorité, l’ordre, la responsabilité, la générosité, la solidarité, la famille.
Qui représente la Droite à Saint-Denis ?
René-Paul Victoria : je pense qu’aujourd’hui c’est une bonne question. Je me présente en tous cas comme l’un des représentants de la Droite à la Réunion. Il n’en reste plus beaucoup à Saint-Denis. Chacun a pu le constater : un coup on est à droite, un coup à gauche, un jour on est au centre. Moi, ce qui m’importe, c’est d’être dans une ligne politique dont je n’ai jamais dévié. Je me considère comme étant un des derniers remparts de la Droite.
La candidature de Nassimah Dindar dans la 1ère circonscription (cf Linfo.re : Nassimah Dindar se lance dans la course aux législatives ) : cela joue pour ou contre vous ?
René-Paul Victoria : Je connais déjà l’expérience de la candidature de Madame Dindar il y a cinq ans de cela. Aujourd’hui, les choses ont quelque peu changé. C’est une circonscription très convoitée. Il y aura au minimum quatre candidatures féminines et peut-être quatre candidatures masculines. Ce sera donc un jeu très ouvert. Fort de mon implantation, de mon bilan, mais aussi de ma droiture, j’espère que les Dionysiens me feront confiance pour continuer à défendre ce que je crois être bon pour l’ensemble des Dionysiens et des Réunionnais. J’ai voulu que ce mandat de 2007 à 2012 soit vraiment un mandat au service de mes compatriotes. Projetons nous. Vous êtes au second tour et pas Mme Dindar.
Pensez vous qu’elle pourrait appeler à voter pour vous ?
René-Paul Victoria : l’expérience m’a montré que cela n’a pas toujours été le cas. Mais j’espère que cette fois-ci, devant les enjeux, et les défis qui sont devant nous, qu’elle saura faire un appel en ma faveur, pour que demain, dans le cas des nouvelles répartitions de responsabilités politiques, aussi bien à Saint-Denis que sur l’île toute entière, chacun puisse trouver la place qui lui revient.
Malgré une Majorité plurielle plus à Gauche de manière générale ?
René-Paul Victoria :
C’est ce qui a fait que j’ai pris mes distances à un moment donné avec l’UMP. Je voulais aussi que l’UMP clarifie sa position par rapport aux hommes et aux femmes politiques de la Réunion. Aujourd’hui, je suis fier d’être à nouveau au sein de l’UMP et cela me permettra de mobiliser, de motiver nos militants pour aller à la reconquête des voix.
Nassimah Dindar au second tour et pas vous. Pourriez-vous appeler à voter pour elle ?
René-Paul Victoria : dans la mesure où nous avons un plan cohérent pour la répartition des responsabilités, ça se discutera.
Ces derniers jours, Nassimah Dindar et Didier Robert ont eu la même volonté, celle d’éteindre la révolte populaire avec le déblocage de fonds financiers (cf Linfo.re : Le Département et la Région s’engagent contre la vie chère) . Doit-on y voir les premiers signes d’un rapprochement ?
René-Paul Victoria : lorsqu’il y a une situation de crise, il faut toujours une union locale, une union nationale. C’est le cas pour la Réunion. Ce sont les Réunionnais qui en sortiront grandis de cette union.
Pierre Vergès parle lui de connivences, alors qu’en pensez-vous ?
René-Paul Victoria : je ne crois que pas qu’il doit y avoir une relation qui doit durer entre des actions purement politiciennes. Ce qui compte aujourd’hui c’est qu’il faut apporter des réponses économiques et des réponses sociales. Cela montre bien qu’à des moments de notre histoire, nous savons faire l’union. C’est l’union locale pour les Réunionnais.
Un mot sur la commune du Tampon. Comment expliquez vous que Paulet Payet puisse perdre l’ensemble de ses délégations ?
René-Paul Victoria : je voudrais laisser cette question aux Tamponnais. Je n’ai pas vraiment suivi tout ce qu’il y a derrière ce dossier. Cela concerne ma famille politique mais je n’ai pas été associé de près ou de loin à la réflexion qui pourra peut-être permettre de trouver une solution collective. Retrouvez l’intégralité de cet entretien dans la vidéo jointe.