Dans le cadre de l’enquête sur le scandale du médicament du Médiator, le président et fondateur des laboratoires Servier, Jacques Servier, a été mis en examen après avoir été entendu par trois juges d’instruction parisiens. A 89 ans, Jacques Servier est poursuivi pour "obtention indue d’autorisation, tromperie sur les qualités substancielles, avec mise en danger de l’homme et escroquerie". Placé sous contrôle judiciaire, Jacques Servier est également dans l’obligation de verser une caution de quatre millions d’euros.
Le dossier établi contre les laboratoires Servier dans le cadre du scandale du Médiator n’a cessé de s’alourdir depuis des mois. Au fil de l’enquête, il est apparu que ce médicament prescrit pendant des années comme anti-diabétique n’aurait jamais eu les vertus qu’on lui prêtait mais aurait toujours été qu’un simple coupe-faim. Les nombreuses victimes du Médiator, souffrant aujourd’hui de séquelles irréversibles, se sont organisées en collectifs et l’affaire suit son cours au niveau judiciaire.
Hier, une étape essentielle a été franchie. Entendu plusieurs heures par trois juges d’instruction, Jacques Servier a été mis en examen pour "obtention indue d’autorisation, tromperie sur les qualités substancielles (pour la période allant de 1976 à 1995) et tromperie sur les qualités substancielles avec mise en danger de l’homme et escroquerie (pour la période allant de 1995 à 2009)". L’instruction ouverte comporte les chefs "d’homicides et blessures involontaires", mais Jacques Servier n’est pas poursuivi pour ces chefs d’accusation.
Par ailleurs, la justice contraint le fondateur des laboratoires à verser une caution colossale de 4 millions d’euros et à s’acquitter d’une garantie de six millions d’euros avant le 15 décembre. L’avocat de Jacques Servier, Hervé Temine, a rapporté la teneur d’une déclaration spontanée de Jacques Servier qui a dénoncé "la violence médiatique" et a "réaffirmé , tout en reqrettant pour le personnel et les patients que la position du groupe ait été mal comprise, que les laboratoires Servier assumeraient toutes leurs responsabilités à l’égard des consommateurs victimes des effets secondaires du Médiator".
L’enquête sur le Médiator menée par le parquet de Paris, doit déterminer les responsabilités de chacun dans le scandale sanitaire du médiator, médicament qui aurait fait entre 500 et 2000 morts et provoqué de graves lésions cardiaques chez des milliers d’autres.