Jean-Paul Virapoullé : Vu les enjeux auxquels nous sommes confrontés et la gravité de la situation, je pense qu’il s’agit d’une anecdote qui ne mérite pas plus d’attention.
Même si les élus de Saint Paul affirment que 70% de la somme allouée par la Région sera destinée à des associations créées il y a moins de 6 mois ?
Jean-Paul Virapoullé : Oui, c’est une bonne idée puisque Didier Robert a été élu il y a moins de six mois et honnêtement, ce n’est pas parce que vous avez souscrit un contrat de misère avec quelqu’un qui est dans la misère, qu’il va systématiquement voter pour vous. Il faut sortir de cette logique misérabiliste. Moi je pense que créer des emplois aidés dans cette période de pénurie d’emploi, c’est une manière d’aider la population.
Cette semaine a également été marquée par votre audition par la Cour Régionale des comptes dans l’affaire de mauvaise gestion d’associations municipales. Qu’avez-vous à dire à ce sujet ?
Jean-Paul Virapoullé : La Chambre Régionale des comptes m’a convoqué pour me demander d’affirmer ma position concernant le comité du personnel. J’ai apporté les éléments que j’ai été en droit d’apporter, maintenant la justice délibère et j’attends le verdict avec beaucoup de sérénité.
Quand vous dites que vous n’étiez pas au courant des malversations financières, est-ce que vous pensez que avez fait preuve de laxisme dans le contrôle de ces associations ?
Jean-Paul Virapoullé : D’abord, il s’agit d’une association, le comité du personnel. Et je n’ai pas dit que je n’étais pas au courant des malversations financières, j’ai prouvé que je n’étais pas au courant, c’est là toute la différence.
Depuis votre défaite aux élections municipales et votre différend avec Didier Robert lors des élections régionales, vous gardez votre mandat de sénateur UMP mais quels sont vos rapports avec l’UMP local ?
Jean-Paul Virapoullé : Je garde des rapports courtois. Je participe à l’UMP national, je suis sénateur UMP, je suis dans le groupe et je suis assidu. J’ai défendu et j’en suis fier, la réforme de la retraites. Au plan local, l’UMP fonctionne les fenêtres closes, les portes closes, à huis clos. L’envoyé de Paris à la Réunion ne fait pas bien son travail, d’ailleurs le nombre d’adhérents a été divisé par deux. Je n’ai pas de rapport avec l’UMP local, je n’ai de rapport qu’avec son sympathique président, Michel Fontaine.
Donc, vous partagez la position de Nassimah Dindar qui dit ne pas se reconnaître dans l’UMP de Jean Simonetti ?
Jean-Paul Virapoullé : Absolument, nos points de vue sont communs sur ce point.
Au final, Michel fontaine lui reste président mais qui reste au sein de la fédération UMP au niveau local ?
Jean-Paul Virapoullé : Michel Fontaine est un Gaulliste historique, tout comme ses parents. Il est fidèle à ses convictions et sert le mouvement. Mais je vous annonce une bonne nouvelle : nous allons rencontrer Jean-François Copé très prochainement et j’ai lu avec beaucoup d’attention sa déclaration en Chine. Il a dit qu’il est nécessaire d’ouvrir les portes de l’UMP et introduire dans l’UMP le débat contradictoire. Nous sommes en phase totale avec ces déclarations. A partir du moment où tous ceux qui ont des convictions fortes viendront les défendre et en débattre et du moment que la démocratie est respectée à l’UMP Réunion, alors l’UMP au niveau local deviendra un grand mouvement de rassemblement.
Il n’y a pas eu de liste d’union de droite aux dernières élections régionales. On se souvient de votre clash avec Didier Robert. Quels sont vos rapports à l’heure actuelle avec le président de la Région ?
Jean-Paul Virapoullé : La glace fond tranquillement. Nous nous sommes revus à Paris, il m’a invité à l’Assemblée générale. Je suis content qu’il ait été élu, c’était le but de la manoeuvre : qu’il soit élu, peut-être avec lui, mais cela s’est fait sans moi. Il a été élu et c’est tant mieux, il y a une nouvelle majorité. les réunionnais lui ont donné un mandat, il est en train de l’exécuter, je lui souhaite de réussir pour la Réunion.
Que pensez vous des actions menées par Didier Robert depuis son élection à la tête de la Région ?
Jean-Paul Virapoullé : Je voudrais être très clair sur ce point. Le projet porté par Didier Robert aujourd’hui, nous l’avons rédigé aux trois quarts ensemble. Le fait d’avoir arrêté le Tram Train - qui n’était pas financé -, et le projet de la Maison des Civilisations a permis d’éviter à la Réunion d’être dans la situation de l’Irlande à l’heure actuelle ou dans la situation de l’Espagne et du Portugal. Il a remis à flot les finances de la Région. Didier Robert a fixé un projet stratégique en cinq axes (les TICS, l’agroalimentaire...), nous partageons ces cinq axes, maintenant nous attendons les actions.
Entre Nassimah Dindar et Didier Robert, rien ne va plus. Entre René- Paul Victoria et les autres UMP le courant ne passe pas non plus. Comment expliquez toutes tensions à droite ? Il y a trop d’ambitions personnelles selon vous ?
Jean-Paul Virapoullé : Non, ce n’est pas une question d’ambitions personnelles. Paris a vraiment mal manoeuvré. C’est la direction de l’UMP national qui a monté et qui a créé ces antagonismes. Je vais rencontrer Jean-François Copé très prochainement pour lui dire qu’il faut mettre de l’ordre dans la maison. Nous sommes d’accord sur les convictions mais ce sont les querelles personnelles qui nuisent au service public que nous devons à celles et ceux qui nous ont fait confiance.
Autre dossier sensible : la promulgation de la loi concernant les retraites. En tant que sénateur UMP, vous avez voté pour la réforme des retraites. A la Réunion, l’affiche sur laquelle vous apparaissez s’intitule "les traitres de la retraite". Qu’en pensez vous ?
Jean-Paul Virapoullé : Je suis fier d’avoir voté pour la réforme des retraites. Et je prends les Réunionnais à témoin puisqu’en 1991, j’ai sauvé un gouvernement socialiste - celui de Michel Rocard -, parce qu’il avait créé la CSG. La droite m’avait convoqué à l’époque pour me dire de ne pas voter en faveur de cette réforme de gauche mais c’était une bonne réforme. J’ai envoyé promener la droite et j’ai voté pour la réforme de la CSG en évitant de voter la censure. La CSG a sauvé la retraite et la droite ne l’a pas supprimé. De la même manière, je suis fier d’avoir voté aux côtés de la majorité en faveur de la réforme des retraites.
Les traitres, ce sont ceux qui ont refusé de voter cette réforme. Si je suis encore sénateur en 2013, je voterai la prochaine réforme parce que je dis aux Réunionnais que c’est grâce à ces réformes que nous sommes en train de renflouer les caisses pour que les personnes qui sont à la retraite puissent en bénéficier tranquillement.
Un mot à présent des élections cantonales qui se joueront dans quelques mois. Cette bataille sera la vôtre ?
Jean-Paul Virapoullé : Cette bataille sera de toute façon une bataille à laquelle je participerai. Je tends d’ailleurs la main à toutes les composantes qui estiment que Saint André va mal, y compris à Serge Camatchy pour leur dire "Allons travailler ensemble, allons discuter".
Pour moi, ce n’est pas une question de mandat en plus ou en moins. Je tends la main, je discute et je chercherai la meilleure solution pour que Saint André sorte du fé noir mais je ne peux annoncer ma candidature, je veux d’abord tendre la main.
Selon vous, quel est l’objectif visé par la majorité ? Est-ce que Nassimah Dindar pourrait être reconduite à son poste de présidente du conseil général ?
Jean-Paul Virapoullé : Je suis sénateur, je ne suis pas devin. Mais je pense que Nassimah Dindar souhaite être reconduite, c’est le rôle de tout président sortant. Elle a une majorité "arc-en-ciel" mais ce n’est pas une nouveauté.
En ce qui concerne les élections sénatoriales : serez-vous candidat à votre propre succession l’année prochaine ?
Jean-Paul Virapoullé : J’ai un bilan de travail et j’ai surtout un projet pour la Réunion. Ce qui me permet de dire que je serai candidat pour défendre mon bilan et mon projet pour la Réunion.
Est-ce que vous espérez retrouver la mairie de Saint André ?
Jean-Paul Virapoullé : Si les Saint-Andréennes et Saint-Andréens nous envoient le même message aux élections cantonales - quelque soit les candidatures que nous soutiendrons - que lors des élections régionales, je serai candidat aux élections municipales en 2014. Il y a trop de gens qui souffrent à Saint André. La commune connaît un chaos social, un chaos économique et culturel, il faut en sortir !