En visite dans l’île, Dacian Ciolos - commissaire européen - rencontrera les agriculteurs réunionnais. L’occasion de démontrer que le modèle agricole local doit être préservé, insiste Jean-Bernard Gonthier.
La réforme de la POSEI (Programme d’Options Spécifiques à l’Eloignement et à l’Insularité) qui tend vers une diversification des exploitations agricoles pourrait avoir un impact non négligeable sur le secteur agricole réunionnais.
A l’origine de cette réforme : les agriculteurs des Antilles qui souhaitent diminuer leur production de bananes de 50% pour diversifier leur exploitation. Mais à La Réunion, les agriculteurs estiment que leurs exploitations pourraient être en danger si cette réforme est appliquée telle qu’elle est voulue par les Antillais. C’est une enveloppe financière de 280 millions d’euros que l’Europe devrait allouer à La Réunion sur la période 2014-2020.
Les agriculteurs réunionnais avaient souhaité la visite du Dacian Ciolos - commissaire européen à l’Agriculture - dans l’île pour qu’il se rende compte de l’importance de l’agriculture pour l’économie locale.
Jean-Bernard Gonthier - président de la Chambre d’Agriculture - indique que "nous souhaitons le démontrer que les fonds européens sont bien utilisés" à La Réunion. Il n’est pas contre une réforme de la POSEI, mais selon lui, il faudrait respecter les spécificités de chaque territoire concerné.
Le président de la Chambre Verte insiste sur le fait que l’agriculture réunionnais est déjà diversifié, avec des chiffres à l’appui. Ainsi, en 2005, 26 000 hectares de terres étaient consacrés à la canne, 5 000 aux fruits et légumes et 10 500 à l’élevage. Aujourd’hui, 24 500 hectares de terres sont exploités pour la canne, 5 300 pour les fruits et légumes et 12 000 pour l’élevage. En 2020, l’objectif est d’atteindre 30 000 hectares pour l’exploitation de la canne, 5 800 pour les fruits et légumes et 14 000 pour l’élevage.
Ainsi, pour Jean-Bernard Gonthier, l’agriculture réunionnaise est déjà diversifiée et couvre 80% de la consommation locale en fruits, légumes et certaines viandes. Il insiste sur le fait que ce modèle agricole local doit être préservé.
Cette réforme de la POSEI qui vise à terme à aider les territoires éloignés et insulaires à atteindre l’auto-suffisance alimentaire pourrait avoir l’effet inverse à La Réunion, explique Jean-Bernard Gonthier. En effet, si chaque agriculteur devait diversifier son exploitation, le marché réunionnais serait inondé par les mêmes produits et les agriculteurs seraient contraints de vendre à perte pour écouler leur stock.
Une situation qui mettrait en danger les exploitations, explique le président de la Chambre Verte. Il rappelle qu’à La Réunion, l’agriculture fait vivre 22 000 personnes et l’agro-alimentaire 5 300 personnes. Par ailleurs, il affirme que chaque année entre 50 et 60 jeunes agriculteurs cherchent à développer leur exploitation, démontrant ainsi que c’est un secteur pourvoyeur d’emplois à La Réunion.
Pour Jean-Bernard Gonthier, la visite de Dacian Ciolos sera l’occasion pour les agriculteurs réunionnais de montrer les spécificités de La Réunion et que les aides européennes pourraient aider à développer ce secteur économique.
Le commissaire européen, qui est arrivé dans l’île hier soir, visitera plusieurs exploitations agricoles à la rencontre des exploitants pendant ces deux jours de visite. Dacian Ciolos sera également l’invité du Journal Télévisé de 19h00 d’Antenne Réunion ce mardi.